Le spectacle d’ouverture du festival Montréal complètement cirque, Après la nuit, de Benoit Landry et Nord Nord Est, propose au public un songe éveillé, revigorant et gracieux. Jusqu’au 16 juillet à la TOHU.

Icare rêvait de voler, mais selon le mythe, il s’est approché trop près du soleil, qui a brûlé ses ailes. Rien de tel dans Après la nuit à la TOHU. Le spectacle mis en scène par Benoit Landry et Nord Nord Est vole aussi haut que le lui permettent les 65 pieds de la salle de cirque sans jamais tomber.

Au centre du plateau, aux sens propre et figuré, la musique du groupe Chances (Geneviève Toupin, Vincent Carré et Chloé Lacasse) se déploie durant le spectacle pratiquement sans interruption. Ce mélange d’électro, de pop, de chansons et de musiques du monde aborde des sujets universels – vie, mort, amour – dans un style aussi aérien que ce que la douzaine d’acrobates et de danseurs nous donnent à voir.

Dès le départ, Après la nuit relève davantage du rêve que de l’éveil, avec un numéro de voltigeuse-fée – Angelica Bongiovonni – semblant sortir d’un monde magique au son d’une musique à la fois atmosphérique et mystérieuse. Le reste du spectacle sera du même ordre, alternant numéros aériens et au sol pour, on s’en doute, donner un répit au cou des spectateurs !

Mais l’essentiel du propos se trouve dans l’envol et l’élévation suggérée par les choix artistiques des artisans. En ce sens, trois magnifiques structures géantes, faisant penser à des lustres, sont suspendues au plafond de la salle et servent de plateformes de lancement pour les acrobates.

Dans les airs, à plus ou moins haute altitude, les numéros d’équilibre sur fil mou, de sangles, de cerceau, de cordes, de trapèze fixe et d’ô combien spectaculaire trapèze-bungee se fondent parfaitement dans la vision du metteur en scène Benoit Landry. Il réussit à jouer ainsi avec la temporalité de la représentation en nous sortant complètement du concret de la réalité quotidienne.

Tous les sens sollicités

Plusieurs passages des différents numéros se déroulent dans une demi-obscurité, ce qui ajoute au caractère somnambulique du spectacle. Toutefois, la scène circulaire et la présence des musiciens au centre font en sorte que certains numéros ne sont pas entièrement visibles pour une partie du public, selon l’endroit où on est assis dans la salle.

Au chapitre des performances individuelles, soulignons le travail exceptionnel de l’original Antino Pansa au fil mou et aux acrobaties, du puissant Benjamin Courtnay aux sangles aériennes, de la téméraire Sabine Van Rensburg à la corde lisse, de la frêle, mais forte Angelica Bongiovonni à la roue Cyr et du gracieux Antoine Boissereau, aussi bien en sangles qu’en danse.

À ce sujet, bien que quelques chorégraphies répétitives nous soient apparues superflues, on comprend qu’il s’agit de meubler le temps entre divers numéros, cela permet de dire qu’il n’y a pas de véritable temps mort dans ce spectacle. Tous nos sens sont sollicités par les nombreuses actions au sol et dans les airs. Nos oreilles étant particulièrement charmées par les voix des chanteuses et musiciennes Geneviève Toupin et Chloé Lacasse et par le subtil percussionniste Vincent Carré.

Après la nuit ne vire jamais au cauchemar. Au contraire, c’est un spectacle plein de vigueur et d’optimisme qui nous permet de rêver un peu après deux ans de crise pandémique.

Après la nuit

De Benoit Landry et Nord Nord Est

À la TOHU jusqu’au 16 juillet 2022

7/10