(Bruxelles) L’artiste et chorégraphe belge Jan Fabre, condamné en avril à 18 mois de prison avec sursis pour des faits de harcèlement au travail et un attentat à la pudeur, a annoncé lundi qu’il ne faisait pas appel afin de ne pas « raviver la controverse ».

Le parquet d’Anvers a confirmé que sa condamnation était définitive. « Ni les parties, ni le ministère public n’ont fait appel », a-t-il indiqué à l’AFP.

Rattrapé en 2018 par la vague #metoo, Jan Fabre, 63 ans, une des figures les plus connues de l’art contemporain en Europe, a toujours contesté les faits qui lui ont valu d’être condamné, le 29 avril, par le tribunal correctionnel d’Anvers.

Il disposait d’un mois pour faire appel mais « a maintenant décidé d’accepter la condamnation du tribunal, même si le jugement prononcé l’affecte grandement », a écrit lundi son avocat Eline Tritsmans dans un communiqué.

« Une procédure d’appel raviverait toute la controverse […]. L’affaire a déjà duré bien trop longtemps, et les atteintes à sa réputation sont irrévocables », a-t-elle poursuivi.

Ciblé par les plaintes de douze anciennes danseuses de sa compagnie Troubleyn, Jan Fabre a été jugé fin mars début avril pour « violence, harcèlement ou harcèlement sexuel au travail », ainsi que pour un « attentat à la pudeur » (l’équivalent d’une agression sexuelle en droit belge) contre l’une des plaignantes. Une peine de trois ans de prison ferme a été requise à son encontre.

En définitive, le tribunal a jugé qu’une partie des faits étaient prescrits, a retenu l’attentat à la pudeur reproché — à savoir un baiser avec la langue non consenti —, et l’a condamné également pour des violences ou humiliations subies par cinq autres danseuses.

La peine de 18 mois de prison a été assortie d’un sursis à exécution pour une durée de cinq ans, période pendant laquelle Jan Fabre est privé de ses droits civiques.

Lundi, Jan Fabre a maintenu qu’il y avait « consentement mutuel » concernant le baiser.

Par la voix de son avocate, il a aussi reproché au tribunal de s’être « immiscé sur le terrain de (sa) liberté artistique » concernant les remarques et directives considérées comme inappropriées, voire humiliantes.

« Il n’a jamais eu l’intention de blesser les acteurs ou danseurs. Il reconnaît néanmoins que certaines de ses remarques ont pu être vexantes », souligne le communiqué. Absent à son procès, Jan Fabre avait néanmoins « présenté des excuses » via une lettre lue au tribunal, rappelle Me Tritsmans.

De leur côté, les danseuses parties civiles au procès se sont de nouveau dites satisfaites que le jugement du tribunal ait reconnu « le comportement transgressif » de Jan Fabre, et « un schéma qui s’est répété » plusieurs fois.