Le Cirque du Soleil a choisi Kooza, un spectacle tiré de son répertoire, pour célébrer ses retrouvailles avec le public montréalais. Difficile de faire la moue devant le choix fait par l’emblématique cirque québécois : avec ses performances acrobatiques de haut calibre et ses numéros clownesques très réussis, Kooza s’avère un spectacle fort divertissant, qui nous cloue à nos sièges par moments.

Inspiré du cirque traditionnel (mais toujours apprêté à la sauce Cirque du Soleil), Kooza enfile à vitesse grand V des numéros acrobatiques à haut degré de difficulté : contorsion, sangles, roue Cyr, fil de fer… Tout y est, ponctué par une musique où se mêlent rock, funk, jazz et tonalités moyen-orientales.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Les habiles contorsionnistes du Cirque du Soleil

Ici, la poésie et le lyrisme occupent une moindre part dans l’écriture dramatique que pour d’autres productions du Cirque du Soleil. Et la mise en scène n’est pas non plus des plus élaborées. On se retrouve davantage devant une suite un peu décousue de numéros, mais quels numéros ! Avec Kooza, on est dans la performance pure et parfaitement maîtrisée, dans la fête circassienne où les rires du public se mêlent à ses murmures d’incrédulité devant les prouesses exécutées.

Car il faut le dire, certains numéros donnent froid dans le dos, notamment celui qui rassemble trois fildeféristes exécutant une partie de leur prestation dans les hauteurs du chapiteau, sans filin de sécurité ni filet.

Même une fois le filet tendu, leur performance reste à couper le souffle. Mercredi soir, la foule leur a d’ailleurs servi une ovation bien sentie.

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Les numéros en hauteur du Cirque ont ravi la foule, mercredi soir.

Le numéro de roue de la mort reste toutefois le plus effrayant ; une catastrophe pourrait survenir à tout moment. Quand les deux acrobates ont fini par descendre de cet engin infernal sur lequel ils ont multiplié les sauts en apesanteur, le public était en délire. Le solo de batterie qui accompagnait cette performance ajoutait à l’ambiance. Ces acrobates ont été acclamés comme de véritables rock stars !

Emporté par la foule

Comme si les performances acrobatiques ne suffisaient pas, les cris de victoire que lancent fréquemment les acrobates galvanisent la foule tout au long du spectacle. Impossible de résister à l’énergie contagieuse de ces artistes qui réussissent l’impossible… Mercredi, les cris fusaient, les applaudissements étaient nourris. Pas de doute, le public a témoigné avec force toute sa joie de retrouver le Cirque du Soleil après une absence de trois ans dans le Vieux-Port.

Les numéros de groupe comptent aussi parmi ceux qui ont le plus ravi le public : à lui seul, le numéro de planche sautoir compte 19 acrobates, soit la moitié de la distribution. Le metteur en scène David Shiner a aussi imaginé un numéro dansé qui semble tout droit sorti de la tête de Tim Burton, avec des squelettes qui tournoient et des flopées de rats qui envahissent la scène.

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Les clowns de la troupe s'adressent à la foule.

Les clowns comptent aussi beaucoup dans l’ambiance carnavalesque du spectacle. Mené par François-Guillaume Leblanc, qui incarne un roi complètement déjanté, le trio clownesque propose des numéros très physiques, jamais loin du slapstick.

Au milieu des acrobates et des clowns, on retrouve Innocent, personnage mélancolique et émouvant. On le voit déployer ses ailes et gagner en confiance à mesure que les numéros se multiplient, encouragé en cela par le Trickster, personnage charismatique un peu sorcier, un peu illusionniste, éjecté comme par magie d’une kooza (une boîte à cadeau en sanskrit).

Bref, malgré son âge avancé (le spectacle a été inauguré en 2007), le charme de Kooza continue d’opérer. Certes, cette production pourrait être dépoussiérée ici ou là, notamment sur le plan des costumes, plutôt disparates, mais les amoureux de prouesses millimétrées n’y verront que du feu. Le Cirque du Soleil a été secoué par plusieurs turbulences lors des dernières années : on ne peut que lui souhaiter que l’avenir soit aussi réjouissant que ce spectacle présenté tout l’été sous le chapiteau bleu et blanc du Vieux-Port.

Jusqu’au 14 août

Consultez le site du Cirque du Soleil