Reportée à quelques reprises en raison de la COVID-19, la 2e édition de La Nuit de la déprime s’est tenue, à guichets fermés, lundi soir au Théâtre St-Denis à Montréal. Notre journaliste revient sur cette soirée d’une « heureuse tristesse ». Et pas déprimante pour deux sous !

Tristesse, colère, déprime… D’entrée de jeu dans son numéro d’ouverture, Christian Bégin souligne que, depuis deux ans, il a souvent ressenti ces sentiments extrêmes face à l’époque anxiogène. L’animateur du spectacle d’humour et de chansons La Nuit de la déprime utilise plutôt le mot qui commence par « M » pour qualifier notre époque de pandémie, de guerre et de grisaille populiste.

Déprimez, vous dites ? Bah ! Pourquoi ne pas donc accueillir la déprime actuelle en communion avec une quinzaine d’interprètes de talent et 2000 spectateurs masqués.

« Je ne vois pas vos bouches, a lancé Bégin. J’ai l’impression d’animer le show d’un congrès d’hygiénistes dentaires ! »

Le concept de ce spectacle nous vient de France, d’après une idée de l’humoriste Raphaël Mezrahi, et reprise au Québec par Pierre Bernard pour Les agents doubles, la boîte de production des jumelles Rozon. En général, le spectacle se tient le troisième lundi de janvier, « la journée la plus déprimante de l’année », selon certaines études « scientifiques ». Or, COVID-19 oblige, il a été reporté. Puisque la pandémie a fait de la déprime sa marque de commerce, on peut avoir le moral à plat un 11 avril… voire n’importe quel jour de l’année.

Durant deux heures trente, Christian Bégin et ses invités, sous l’excellente direction musicale d’Antoine Gratton, ont tenté de mettre un peu de joie sur nos blues. Mission accomplie, en général. Car ce n’est pas évident de tenir le rythme avec ce genre de spectacle très peu répété où se côtoient des artistes de divers horizons, d’André Sauvé à Boom Desjardins, l’un précédant l’autre.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Kim Richardson

Dame Kim

L’un des moments forts de la soirée, un instant de pure grâce, c’est l’interprétation d’I Will Survive par Kim Richardson. Cette grande dame de la chanson, ni plus ni moins notre Shirley Bassey au Québec, s’est approprié le tube disco, le faisant vibrer du plus profond de son âme. Son bref passage sur scène valait à lui seul le déplacement au St-Denis.

Parmi les autres artistes qui ont réchauffé notre âme, mentionnons Luce Dufault (Quand les hommes vivront d’amour) et une surprenante Marina Orsini, très en voix, qui a interprété le succès de Marjo Ailleurs. Fanny Bloom est venue rendre hommage à son ami disparu, Karim Ouellet, en interprétant au piano sa pièce Nos cœurs. Puis Inès Talbi a remanié le grand classique de la rupture amoureuse, Nothing Compares 2 U.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Inès Talbi

Tendresse et nostalgie

Après l’entracte, Jean-Sébastien Girard a joué à l’invité surprise en interrompant l’animation de Bégin (avec un clin d’œil à la gifle de Will Smith à Chris Rock). Il a enfilé un medley nostalgie avec des tubes d’Aznavour, de Claude François et de Mireille Mathieu, pour terminer en duo avec sa mère et chanter Tu t’en vas, d’Alain Barrière. La voix de J.-S. Girard étant, disons… approximative, sa prestation a été commentée avec humour comme « son spectacle d’adieu » par Bégin. Paul Piché (L’escalier) et Daniel Boucher (La désise) ont clos le programme de la soirée après notre départ pour cause de tombée.

Rendez-vous en 2023

Par ailleurs, la production de La Nuit de la déprime a annoncé que la 3e édition aura lieu le lundi 23 janvier 2023, si tout va bien dans le meilleur des mondes. Soulignons que les profits du spectacle sont versés à la Fondation Ronald-Denis, dont la mission est d’assurer des soins et d’aider des patients souffrant d’obésité morbide, entre autres maladies. Les billets seront mis en vente samedi prochain.