Il pleuvait des cordes jeudi soir à Montréal. Mais dans la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, Lorde a fait briller un soleil radieux.

Solar Power, son plus récent album, est le parfait remède au temps ou à l’humeur maussades. Elle en a présenté la plupart des pièces à l’occasion de cette tournée nord-américaine qui l’a menée chez nous. Ce fut ravissant.

On a aussi pu se replonger dans ses deux premiers opus, ceux qui ont fait d’elle une des princesses de la pop. Si Solar Power s’éloigne des tonalités plus accessibles, la chanteuse a ponctué sa performance de quelques-uns de ses anciens succès pour créer un bel équilibre.

Lorde est apparue sur scène dans un cercle de lumière, référence au soleil, qui ne nous permettait de voir que sa silhouette à contre-jour.

Elle est ensuite apparue au moment d’interpréter Homemade Dynamite. Dans un soutien-gorge et une chemise ouverte pâle et un simple pantalon noir, la musicienne a accueilli son public au Solar Power Tour. « I love coming to Montreal, a-t-elle confié. There’s something different over here. » Et vu l’énergie folle de la foule, on l’a crue. Il y avait quelque chose dans l’air jeudi soir.

Des occasions de pleurer et de danser

Buzzcut Season, tirée de Pure Heroine (2013), lui a donné l’occasion de gravir un escalier dressé au beau milieu de la scène sur une plateforme rotative. Un judicieux moyen de toujours garder la performance visuellement stimulante. Un immense écran en arrière-scène, des estrades de chaque côté et cet escalier géant ont suffi à créer une ambiance tantôt électrisante, tantôt sobre ou intime, selon les besoins.

« Ready to cry ? », a demandé la chanteuse avant de se lancer dans une touchante interprétation de la mélancolique Stoned at the Nail Salon, nouvelle chanson de l’album Solar Power.

Vocalement parfaite, infusant dans son interprétation une puissante émotion, Lorde a donné un incroyable spectacle.

La mise en scène sans démesure et délicate, mais tout de même imposante, a permis à l’artiste de se mouvoir dans l’espace, tandis que ses musiciens se déplaçaient aussi au gré des chansons.

Grand retour

Après un premier changement de costume, c’est dans une longue robe violette qu’elle a entonné la superbe The Path. Ses choristes, tout au long de la soirée, ont permis de recréer cet empilement de voix qu’on a tant apprécié sur Solar Power, qui fait vibrer une onde psychédélique.

Lorde est de ces artistes qui parfois ne donnent plus signe de vie pendant des années puis nous reviennent avec une nouvelle approche musicale, une vision artistique changée. Après près de cinq années d’absence, la pop de la Néo-Zélandaise est devenue plus psychédélique, plus lumineuse aussi.

Un retour 10 ans en arrière a permis de retrouver le rythme techno de Ribs. Si Lorde semble plutôt introvertie dans la vie de tous les jours, sur scène, elle est majestueuse, énergique, totalement maîtresse du moment qu’elle offre. Elle interagit avec son public, fait de cet instant partagé une communion. L’artiste raconte d’ailleurs pendant le spectacle avoir dû travailler fort pour que la tournée et les concerts ne soient plus des sources d’angoisse constante, comme c’était le cas auparavant.

Hard Feelings/Loveless puis Liability ont été l’occasion d’un moment plus doux, durant lequel Lorde, assise sur ses escaliers, nous a ramenés à l’époque de Melodrama (2017).

Après Secrets from a Girl et un nouveau changement de costume (la robe laissant place à un ensemble rose satiné), Mood Ring, Sober, Supercut (un bon moment pour danser et sauter sur place !), Perfect Places, Solar Power (une chanson pour « faire perdurer la sensation de chaleur du soleil sur la peau »), Green Light (une autre pièce propice à se laisser aller), puis Oceanic Feeling ont suivi.

Où qu’elle puise dans son répertoire, Lorde y met tout son cœur. L’électricité circule entre elle et ses fans. Le moment est beau à voir et à vivre.

Le rappel a (bien sûr) permis de lancer la fameuse et incontournable Royals, celle qui a fait connaître Lorde il y a dix ans déjà. Le spectacle s’est terminé sur une note parfaite avec Team.

Lorde n’a quitté la scène que deux heures après son arrivée. L’énergie radiante (solaire !) de la soirée passée avec elle a été si agréable que même la pluie battante sur le chemin du retour n’a su empêcher la lumière de continuer de briller longtemps dans notre tête.

Mention spéciale ici à Remi Wolf et ses musiciens, qui ont donné une solide performance en première partie. Toute en voix, l’artiste californienne a elle aussi contribué à faire oublier le temps gris dehors. À suivre de près.