Cats, le célèbre musical du prolifique Andrew Lloyd Webber, est de retour à la Place des Arts cette semaine. L’évènement marque à la fois la relance de la tournée nationale de cette production rafraîchie et le retour des spectacles à grand déploiement dans nos salles. Décryptage d’un succès planétaire et de ses nombreuses vies.

La naissance

PHOTO MATTHEW MURPHY, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Tayler Harris dans le rôle de Grizabella

Cats est créé le 11 mai 1981 au New London Theatre, dans le quartier du West End, à Londres. Pour mettre au monde sa nouvelle comédie musicale, inspirée d’un recueil de poèmes pour enfants de T. S. Eliot, Andrew Lloyd Webber fait appel au producteur Cameron Mackintosh. Un mariage heureux, car les deux hommes vont définir le nouveau cadre du théâtre musical dans le monde. Lorsqu’il a l’idée de Cats, le compositeur a 33 ans. Il a déjà des succès inscrits dans son CV, dont Jesus Christ Superstar et Evita. Il confie la mise en scène de son œuvre à Trevor Nunn (un habitué du Royal Shakespeare Company). Celui-ci collabore avec la chorégraphe Gillian Lynne (1926-2018) et le concepteur aux costumes et décors John Napier. « J’ai compris que le quartier malfamé dans lequel la vieille chatte Grizabella errait était un lieu de prostitution ; et qu’elle avait été mise au ban de la société. S’il devait y avoir parmi ces chats un élu pour une vie meilleure, ce serait Grizabella. Je tenais mon fil conducteur. Et ce projet m’a soudain follement excité », a confié le metteur en scène à Vanity Fair France, en 2015.

Le succès

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Au Canada, Cats a fait l’objet d’une centaine de productions dans plus de 35 villes.

Octobre 1982. Une production new-yorkaise de Cats voit le jour à Broadway. Le spectacle obtiendra l’année suivante pas moins de sept prix Tony, dont celui de la meilleure comédie musicale. Cette production tiendra l’affiche jusqu’en septembre 2000, accumulant 7500 représentations au total. Un record new-yorkais de longévité, qui sera battu par The Phantom of the Opera, autre énorme succès de Lloyd Webber toujours à l’affiche à Broadway, après plus de 13 500 représentations ! Traduit en plusieurs langues, Cats est aussi l’un des premiers spectacles qui attirent les touristes non anglophones à Londres et à New York. Il va devenir une franchise qu’on exporte en Autriche, en Australie, en France, en Allemagne et dans plusieurs autres pays d’Europe et d’Asie. Au Canada, Cats a fait l’objet d’une centaine de productions dans plus de 35 villes d’un océan à l’autre. À Montréal, il a été présenté huit fois, en incluant la tournée actuelle qui avait été reportée en mars 2020, en raison de la COVID-19. À noter : l’une des chansons de la pièce, Memory, a été reprise par 150 interprètes sur la planète, dont Barbra Streisand, Barry Manilow et Joni Mitchell.

La magie

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Zach Bravo dans la peau de Rum Tum Tugger

Mais qu’est-ce qui fait le succès de Cats ? « La magie », répond Marie-Pierre de Brienne, une interprète passionnée de théâtre musical, qui a joué dans plusieurs productions au Québec, dont Grease et La mélodie du bonheur. « Cats est l’une des raisons pour laquelle je fais du théâtre musical aujourd’hui, dit-elle. J’ai vu le spectacle à quelques reprises, et sa captation vidéo plusieurs fois. Malgré une histoire assez mince, il se dégage une énergie extraordinaire dans Cats. Pour peu qu’on suspende son incrédulité, qu’on mette de côté notre [esprit] rationnel pour laisser place à l’imagination, on va retrouver l’enfant en nous », croit l’interprète, qui jouera l’impératrice Sissi dans la comédie musicale Elisabeth, l’été prochain à Bruxelles.

Le film

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Taylor Swift dans le film Cats, de Tom Hooper

Deux décennies après la captation de Cats avec Elaine Paige, une nouvelle version de la comédie musicale arrive au cinéma. Le réalisateur Tom Hooper fait appel à une flopée de stars, dont Taylor Swift, Jennifer Hudson, James Corden et Ian McKellen. Mais l’accueil est glacial ! Dès la mise en ligne de la bande-annonce, les réactions horrifiées inondent les réseaux sociaux. Les gens critiquent les transformations numériques des interprètes « en chats humanoïdes ». À sa sortie, en décembre 2019, les critiques sont désastreuses (sa note sur Rotten Tomatoes est de 19 %). Le film récolte plusieurs prix Razzie en 2020, dont celui du « pire film de l’année ». Sans surprise, Lloyd Webber désavoue l’adaptation. « Il a trouvé le film tellement mauvais, qu’il a été s’acheter… un chien, tout de suite après la projection ! », relate Marie-Pierre de Brienne.

Regardez la bande-annonce de Cats

La nouvelle tournée

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Le spectacle Cats a été présenté huit fois à Montréal.

L’équipe créative de la nouvelle production de Cats s’arrête à Montréal avec quelques nouveaux noms, dont Natasha Katz (conception des éclairages), Mick Potter (conception sonore), Andy Blankenbuehler (chorégraphies, basées sur les chorégraphies originales de Gillian Lynne). Toutefois, l’essence de ce spectacle, devenu une marque de commerce, demeure intacte. Comme répondait Lloyd Webber à ceux qui cherchaient un sens caché à son œuvre, il y a 41 ans : « This is just about cats. » Mais des chats qui sont éternels !

Du 8 au 13 mars à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

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