La preuve en est faite : il est possible de transformer une froide salle de conférence hôtelière en écrin chaud et lumineux, peuplé d’acrobates et d’une chanteuse qui brille de mille feux.

Le Cirque Éloize s’est installé pour les trois prochains mois (au moins) au Fairmont Le Reine Elizabeth pour y présenter son nouveau cabaret Celeste. Plus qu’un simple spectacle de cirque, c’est une expérience tout en sensualité que le metteur en scène Benoit Landry et ses acolytes ont échafaudée.

Murs où scintillent des milliers d’étoiles, divans où se lover, personnages mystérieux qui hantent les lieux dès notre arrivée : on le sent en franchissant le seuil de la salle, avec Celeste, le Cirque Éloize veut nous envelopper dans une ambiance langoureuse. Une impression qui se confirme dès que monte sur scène l’étoile la plus brillante de cette soirée : la chanteuse Coral Egan.

Enveloppée dans une robe de paillettes, elle est la voix et l’âme de Celeste. Elle reprend de sa voix chaude des classiques de la chanson auxquels elle ajoute une tonalité jazzée (Suzanne de Leonard Cohen, Plaisirs démodés d’Aznavour, Fly Me to the Moon de Sinatra…). Il faut la voir danser, avec un abandon presque amoureux, pour comprendre – si on l’avait oublié – quelle interprète formidable elle est. Et quelle chance a le public de pouvoir passer une soirée en sa présence.

Devant Coral Egan et son musicien (Daniel Thouin), les acrobates défilent avec une précision parfaite. Les interprètes sont si près des spectateurs que ces derniers ne ratent rien de leurs efforts ni du caractère distinct de chaque performance.

Poésie et langueur pour le numéro de mât rotatif exécuté par Nadine Louis et Catherine Girard, jubilation bon enfant pour le monocycliste Émile Mathieu, noirceur pour la jonglerie exécutée (avec de la glaise !) par Jimmy Gonzalez (un de nos numéros préférés de la soirée).

Toutefois, certaines prestations viennent briser l’ambiance feutrée de la soirée. C’est le cas notamment du numéro de break dancing où le beatbox vocal tranche avec le reste des interprétations vocales. Les créateurs de Celeste ont choisi une formule cabaret pour pouvoir modifier le spectacle à volonté, ajouter des numéros ou en retirer. Il faudra peut-être un peu de temps avant qu’une certaine unité s’installe. En attendant, l’éclectisme des performances permet à tous d’y trouver leur compte.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Matthew Richardson est le maître de cérémonie de cette soirée passée sous le signe de la sensualité.

Un mot en terminant sur le maître de cérémonie, Matthew Richardson, qui émaille la soirée de blagues juste assez salaces (majoritairement en anglais), juché sur ses talons hauts et drapé dans des robes parfois improbables. Il est avec Coral Egan l’autre élément clé de ce spectacle. C’est d’ailleurs lui qui ouvre le bal acrobatique avec un numéro de roue Cyr très spectaculaire, où le noir de son bustier et de ses bas à jarretelles virevolte dans un ballet hypnotisant.

Pas de doute, Celeste est un spectacle d’une sensualité assumée, imaginé d’abord et avant tout pour le plaisir des adultes. Lorsque le bar de l’hôtel rouvrira de nouveau, on peut parier que les spectateurs voudront prolonger la soirée dans cette salle magnifique, un verre à la main. C’est d’ailleurs ce que souhaitent les créateurs de Celeste, qui veulent donner au centre-ville un lieu où Montréalais et touristes de passage pourront se rassembler.

Ce qui, il faut l’avouer, fera du bien à tous après deux années à vivre cloîtré…

Celeste

Celeste

Du Cirque Éloize

Au Fairmont Le Reine Elizabeth, Jusqu’au 4 juin 2022

7/10