Les Cowboys Fringants ont donné jeudi soir le premier d’une série de trois spectacles au Centre Bell et ont offert des retrouvailles survoltées à la hauteur des attentes des 11 500 fans qui les espéraient depuis des mois.

Depuis le début de la pandémie, les Cowboys Fringants n’avaient donné que cinq spectacles : deux dans des salles de banlieue cet automne et trois dans des festivals l’été dernier – il n’était pas question pour le quatuor de se produire dans des salles où les gens distanciés ne pouvaient ni boire ni danser. Et ces spectacles au Centre Bell, qui devraient réunir au bas mot 30 000 personnes en trois soirs – une supplémentaire est de plus annoncée pour le 27 décembre –, ont montré qu’ils ont eu raison d’attendre, puisqu’ils ont pu offrir un spectacle dans une ambiance prépandémique.

C’est le fougueux Émile Bilodeau qui a mis la table pour le groupe en première partie. « On s’adapte tout le temps, a-t-il dit après sa chanson Métarmorphose. Moi, pendant la pandémie, je me suis adapté : j’ai chanté dans des pataugeoires, dans des camionnettes. Mais là, on voit la lumière au bout du tunnel, on est au Centre Bell ! »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Émile Bilodeau a fait la première partie du spectacle.

Entendre la foule chanter Ça va à la fin de sa prestation endiablée, pendant que le parterre continuait de se remplir de spectateurs, ne pouvait que donner des frissons de joie et d’émotion. Frissons qui se sont propagés encore plus lors de l’arrivée des Cowboys sur scène à 20 h 50, au son de l’intro de la très à propos En business.

« Les Cowboys Fringants reprennent du service / On est de retour en business », dit le refrain de la chanson… et le train des Cowboys s’est lancé pour ne plus s’arrêter pendant deux bonnes heures.

« C’est un feu roulant ce soir, on s’est tellement ennuyés qu’on veut jouer le plus de tounes possible ! », a d’ailleurs lancé le chanteur Karl Tremblay après quelques-unes des 22 chansons qui ont été enchaînées à fond de train.

L’énergie des quatre membres du groupe était en fait irrésistible – il fallait voir Jérôme Dupras, Jean-François Pauzé et Karl Tremblay sauter comme s’ils s’étaient retenus pendant un an et demi, il fallait voir la fougue de Marie-Anick Lépine au violon, au banjo ou à l’accordéon, pour la ressentir à notre tour. Il n’a donc pas fallu beaucoup de temps pour que le public, plus que prêt lui aussi, ne se mette à sauter, à taper des mains, à allumer les lumières de téléphones, porté par un répertoire d’une force incomparable.

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Les membres du groupe ont enchaîné les chansons bien connues du public.

Chansons de pirates (Droit devant), chansons à boire (La traversée), chansons de gentils losers (Mon chum Rémi), chansons indignées (Les maisons toutes pareil, L’hiver approche), chansons ironiques (La manifestation), mais aussi chansons apocalyptiques plus tragiques (Plus rien, 8 secondes), les Cowboys Fringants ont déployé tout leur attirail à un rythme effréné, soutenus par un groupe de quatre musiciens, aux guitares, à la batterie et aux cuivres.

De Ti-cul à L’Amérique pleure, les 11 500 personnes réunies jeudi soir ne se sont pas fait prier pour chanter, et leurs voix se sont propagées dans l’enceinte, malgré le masque. Et quand le Centre Bell au complet a chanté Sur mon épaule d’un bout à l’autre, même le stoïque Karl a semblé ému.

« C’est si beau de vous entendre », a répété plusieurs fois le chanteur, qui a remercié le public d’être encore là après 25 ans. « C’est extraordinaire, c’est touchant. Merci de suivre un vieux groupe de la relève. »

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Spectacle des Cowboys Fringants au Centre Bell jeudi

La dernière partie du spectacle a été survoltée, et plus personne ne s’est rassis à partir de Joyeux calvaire. Partout dans les gradins, les spectateurs étaient debout, pendant qu’au parterre la foule assez compacte continuait à danser. La fête a continué ainsi, avec la faussement naïve et joyeuse Tant qu’on aura de l’amour, puis au rappel, trois classiques, Le shack à Hector, Marine marchande et Les étoiles filantes, dans un moment de réjouissante et émouvante communion.

« C’est l’fun de revenir faire de la scène avec tout le monde qui danse et qui bouge, comme dans l’temps », avait glissé Karl juste avant le rappel. La pandémie n’est peut-être pas terminée, et bien sûr que son ombre a plané au-dessus de nous toute la soirée. Mais les phénoménaux Cowboys nous ont fait faire un formidable et bienfaisant voyage dans le temps, et nous ont surtout montré ce dont peut avoir l’air le temps présent. Franchement, une soirée cathartique qu’on n’oubliera pas de sitôt.