Après un hommage dansé à Leonard Cohen, le metteur en scène Éric Jean renoue avec les Ballets jazz de Montréal. Il présente dès ce mardi, pour les 50 ans de la compagnie, Vanishing Mélodies, spectacle sur les chansons poétiques de Patrick Watson.

Qu’il travaille avec des acteurs ou des danseurs, le metteur en scène Éric Jean, autrefois à la barre du Quat’Sous, a souvent adopté une approche très axée sur les sens : atmosphères, couleurs, musiques, mouvements et silences. Après avoir fait entrer la danse au théâtre, c’est « le gars de théâtre », comme il dit, qui est entré dans la danse en créant, en 2017, Dance Me, sur la musique de Leonard Cohen.

Le revoilà avec les Ballets jazz de Montréal pour un nouveau spectacle, sur des chansons de Patrick Watson cette fois, qu’il souhaite plus théâtral que sa précédente collaboration avec la compagnie. « Ça restera toujours un spectacle de danse, mais mon outil de travail premier, c’est l’actrice ou l’acteur, explique-t-il. Je voulais avoir une actrice ou un acteur sur scène. Comme on entend la voix d’un homme tout au long de la soirée, je trouvais intéressant qu’on entende aussi la voix d’une femme. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le metteur en scène Éric Jean

L’idée de construire un spectacle sur des musiques de Patrick Watson est de lui. « Je suis un grand fan de mélodies et je trouve que celles de Patrick sont très fortes », raconte-t-il. Il apprécie aussi la texture de la voix du chanteur montréalais et, en particulier sur son album Waves (2019), sa poésie surréaliste. « Dans Here Comes the River, signale le metteur en scène, il parle d’enfants qui nagent à la cime des arbres… »

Vanishing Mélodies, dont les chorégraphies sont signées par Anne Plamondon et Juliano Nunes, aura un fil narratif plus net que Dance Me. En décortiquant les chansons de Patrick Watson, le dramaturge Pascal Chevarie et lui en ont tiré les thèmes et images récurrents : l’enfance, la forêt, les ruptures amoureuses et la puissance de l’eau, métaphore des bouleversements émotifs.

Construit autour de 17 chansons, le spectacle suivra la déambulation d’une femme incarnée par la comédienne et chanteuse Brigitte Saint-Aubin qui vient d’apprendre qu’elle est atteinte d’une forme précoce de la maladie d’Alzheimer. Les différents tableaux, agrémentés du travail vidéographique de Julien Blais, la verront plonger dans ses vertiges et ses souvenirs.

Il y aura des tableaux empreints de désarroi et de détresse, souligne le metteur en scène, en évoquant notamment le morceau Bridget’s Theme. Vanishing Mélodies s’annonce toutefois plus rêveur et évanescent que tragique. « Le fait qu’elle repense à des moments importants de sa vie fait en sorte qu’il y a aussi de beaux souvenirs, des moments de bonheur et des envolées », dit encore Éric Jean.

Les danseurs des Ballets jazz de Montréal composeront des tableaux collectifs, des quintettes, des duos et des solos. Les sept danseuses, dans une espèce de jeu de miroir, incarneront elles aussi Marie, le personnage central. Éric Jean aime travailler davantage avec l’affect qu’avec l’intellect et ne s’en privera pas ici de toute évidence.

« Ce que j’ai toujours aimé dans la danse, c’est la place du spectateur, expose-t-il. Il est rare qu’on nous dicte quoi penser, quoi retenir du spectacle. On nous propose un univers, on nous transporte d’un rythme à l’autre, d’une émotion à l’autre et, comme spectateur, on a la possibilité de faire son propre chemin. »

Jusqu’au 6 novembre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts