Après avoir roulé leur bosse pendant plus de 10 ans avec les grandes compagnies de cirque du globe, les fondateurs de la troupe Barcode ont décidé de faire le saut et proposent à la TOHU leur toute première création, très joliment intitulée De sueur et d’encre.

Les quatre artistes — Alexandra Royer, Eric Bates, Tristan Nielsen et Ève Bigel — ont choisi le thème de la mémoire comme fil rouge pour ce premier spectacle.

Alexandra Royer explique : « En 2016, j’ai lu un livre de Rafaële Germain qui s’intitulait Un présent infini. Elle mettait les mots sur un malaise que je ressentais par rapport à la mémoire et à la trace numérique qu’on laisse. Aujourd’hui, on enregistre tout sur nos téléphones, on est dans l’instantanéité, mais ça nous empêche d’aller en profondeur. Tout reste en surface. Son texte m’a donné envie de poursuivre mes recherches sur le sujet. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

De sueur et d’encre

Ce qu’elle a trouvé l’a fascinée, au point qu’elle a convaincu ses partenaires d’articuler leur spectacle autour de la mémoire et de l’oubli. Sujet complexe pour une performance de cirque ? « Le projet est ambitieux, c’est vrai. Il y a une véritable réflexion derrière le spectacle. On est un peu des intellos et on l’assume ! », lance cette spécialiste du cerceau et voltigeuse à la barre russe.

Les artistes de Barcode ne sont pas seulement intellos, ils accordent aussi beaucoup d’importance aux valeurs sociales ; l’environnement représente un important cheval de bataille pour eux. « On a envie de changer les façons de faire, de faire des tournées qui ont une moins grande empreinte écologique, de proposer des spectacles le plus low-tech possible, qui soient en harmonie avec nos valeurs. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

De sueur et d’encre

Un haut niveau de danger

Pour porter leur message sous le chapiteau, les acrobates ont choisi des disciplines traditionnelles, mais pas forcément communes dans le cirque contemporain actuel : jonglerie avec des boîtes de cigares, barre russe, mini-bascule… « On a voulu revisiter ces disciplines, briser la rigidité de la barre russe, par exemple, pour traduire la mémoire en mouvements. On a eu envie d’aller vers des chemins peu fréquentés. »

De sueur et d’encre est un spectacle intense, très physique, avec des performances acrobatiques impressionnantes. Il y a un niveau de danger qui marque le public. On a fait le spectacle qu’on aurait aimé voir !

Alexandra Royer, cofondatrice de Cirque Barcode

La troupe a confié la création de la musique originale du spectacle à nulle autre que Betty Bonifassi. « On a travaillé avec elle lors d’un spectacle présenté pour le 375e anniversaire de Montréal. On a eu un coup de cœur qui a été réciproque. Tout le monde qui a entendu sa musique et sa voix unique connaît ses capacités musicales. Sa présence vocale est extraordinaire, elle nous porte vraiment. C’est un rêve et un privilège de pouvoir profiter de son talent. Travailler avec Jean-Pierre Cloutier à la mise en scène a aussi été très bénéfique. Dans ce spectacle, on n’a pas le choix d’être présents et authentiques sur scène, sinon, on va se faire très mal… »

Après les représentations prévues à la TOHU du 4 au 6 novembre, la compagnie part en tournée en Europe — l’Autriche, la République tchèque, la France — avant de revenir au Canada à l’été 2022.

Consultez le site de la TOHU

Aussi à l’affiche

Revisiter Antigone

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’autrice Suzanne Lebeau

Du cinéma au théâtre, le mythe grec d’Antigone continue d’inspirer les créateurs. Après Sophie Deraspe, Pascale Renaud-Hébert, Rébecca Déraspe, Annick Lefebvre, c’est au tour de la dramaturge Suzanne Lebeau et de la metteuse en scène Marie-Ève Huot de proposer Antigone sous le soleil de midi, pièce qui sera présentée à la Maison Théâtre. Avec ce spectacle pour les 10 ans et plus, les créateurs veulent mettre en lumière « la force et la contemporanéité de ce récit millénaire, qui soulève des questions fondamentales, notamment pour les jeunes générations », dit-on dans le communiqué de la compagnie. La distribution est formée de Sasha Samar, de Ludger Côté et de Citlali Germé.

Du 18 au 28 novembre.

Consultez le site de la Maison Théâtre

Rock Bière et les drag kings

PHOTO KATYA KONIOUKHOVA, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

L’alter ego masculin de Mélodie Noël Rousseau, Rock Bière, drag king montréalais en pleine ascension

Alors que l’univers des drag queens est de plus en plus grand public (mainstream), celui des drags kings reste méconnu. Avec son spectacle Rock Bière : Le documentaire, mis en scène par Geneviève Labelle, Mélodie Noël Rousseau veut corriger le tir. Sous les traits de son alter ego masculin, Rousseau se penche sur la sous-représentation des drag kings dans la société, ainsi que sur la place des femmes dans la communauté LGBTQ+. Dans une soirée humoristique, digne de celles des cabarets de drag, Rock Bière propose aussi des témoignages de personnalités connues de la scène montréalaise, telles que Mado Lamotte et Rita Baga.

Du 16 novembre au 4 décembre, à Espace libre.

Consultez le site d’Espace libre

Programme double à Espace Go

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphanie Jasmin et Denis Marleau

Pour souligner le 40e anniversaire d’Ubu et ses 15 ans de collaboration avec le théâtre Espace Go, la directrice artistique Ginette Noiseux a programmé deux spectacles marquants de la compagnie : Les aveugles, de Maurice Maeterlinck (spectacle acclamé dans de nombreux pays, joué plus de 700 fois à travers le monde), et Dors mon petit enfant, de Jon Fosse. Ces deux productions, conçues et réalisées par Denis Marleau, en collaboration avec Stéphanie Jasmin, seront à l’affiche du 2 au 28 novembre. Par ailleurs, après deux ans d’absence, Espace Go annonce le retour de l’abonnement pour les spectacles de sa saison 2021-2022.

Consultez le site d'Espace Go

L’art du mime Aux Écuries

PHOTO JOHN GUNDY, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Suicide d’un mime à l’italienne

Le Théâtre Aux Écuries présente en primeur québécoise la comédie clownesque Suicide d’un mime à l’italienne, en codiffusion avec la compagnie torontoise Bad New Days. Créée avec succès en Ontario en 2016, il s’agit d’une pièce sans paroles, accompagnée en direct par une performance musicale alliant jazz, électro et conception sonore. « Explorant le lien puissant entre l’émotion, l’expression et le mouvement à travers le corps des personnages, le collectif met en scène une poésie contemporaine du théâtre gestuel », résume le communiqué de la compagnie. La pièce est librement inspirée d’une histoire vraie : en 2003, un mime italien s’est suicidé à Rome sous prétexte que personne n’appréciait son art. Cette œuvre s’interroge donc sur les raisons qui font que l’art du mime est considéré comme un art « mineur ».

Du 9 au 12 novembre.

Consultez le site du Théâtre Aux Écuries