Elle est belle et foisonnante, la programmation du 30e FASS, qui se déroulera du 29 juillet au 8 août à Saint-Sauveur. Des têtes d’affiche comme la Compagnie Marie Chouinard, les Grands Ballets canadiens, en soirée de fermeture, ou encore la présence de l’unique Margie Gillis sont au programme, ainsi que la toute première création de la nouvelle compagnie de Guillaume Côté, Côté Danse, présentée en primeur.
Au bout du fil, le talentueux danseur qui danse pour le Ballet national du Canada (BNC), et qui assure la direction artistique du FASS depuis 2015, est soulagé de pouvoir revenir un tant soit peu à la normale pour cette édition, lui qui avait dû opter pour une programmation entièrement virtuelle l’an dernier avec Solitudes partagées, une série de vidéos de danse et de musique filmées en nature, dans les Laurentides.
L’an passé, le virtuel, on l’a assumé. Mais le numérique, tout le monde est fatigué de ça un peu. Je pense que les artistes feraient un show pour une personne tellement ils veulent être sur scène ! On est vraiment contents d’avoir gagné notre pari et de pouvoir présenter des évènements live cette année.
Guillaume Côté
Seule ombre au tableau, la distanciation physique en salle réduisait grandement le nombre de personnes (environ 125) pouvant se retrouver sous le chapiteau. Mais les assouplissements récents du gouvernement provincial permettent maintenant de doubler le nombre de places sous chapiteau. Le directeur général du festival, Étienne Lavigne, a expliqué à La Presse, lundi, qu’en conséquence, d’autres billets sont mis en vente, notamment pour les spectacles des 30 et 31 juillet.
Afin de pouvoir accueillir le plus grand nombre de personnes possible dans le plus grand respect des règles sanitaires en cours, l’organisation avait revu la disposition du chapiteau, optant pour une vue à 180 degrés, le FASS prenant très au sérieux les mesures sanitaires, pour éviter toute propagation du virus.
La soirée d’ouverture, qui se veut une célébration du 30e anniversaire avec une pléiade d’artistes invités comme Margie Gillis (qui était de l’édition inaugurale en 1992), la troupe Rubberband Dance et des danseurs du BNC et des Grands Ballets, affiche déjà complet. Mais au moment d’écrire ces lignes, il était toujours possible de se procurer des billets pour les autres spectacles à l’affiche, dont une performance du chorégraphe de Winnipeg d’origine métisse Jera Wolfe (Red Sky Performance) ou encore la pièce Four Old Legs de James Kudelka, interprétée notamment par la première danseuse (prima ballerina) canadienne Evelyn Hart, qui était aussi de la première édition du FASS, et+(dix), toute première création de Côté Danse, inspirée par la mythique odyssée d’Ulysse, où le créateur explorera les questions de l’appartenance et des territoires, autant physiques qu’intérieurs.
Un peu de virtuel et des soirées à la belle étoile
Cela dit, l’expérience de l’an dernier avec Solitudes partagées a planté une graine qui fleurit sous la forme d’un nouveau volet s’ajoutant à la programmation cette année : En Tandem, une série de quatre courts films de danse jumelant encore une fois des danseurs à des artistes d’autres domaines artistiques, pour des collaborations aussi inusitées qu’enthousiasmantes.
Tournés dans des salles de spectacle de la région, ces films réalisés par Ben Shirian font se rencontrer notamment la chorégraphe Andrea Peña et le contre-ténor Daniel Taylor, la poète et chanteuse innue Natasha Kanapé Fontaine et le chorégraphe Jera Wolfe ou encore le chœur Jireh Gospel Choir et le danseur Frédérick Gravel. De son côté, Guillaume Côté a travaillé avec l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin, ainsi qu’avec le designer de costumes Yso South, autour de la musique Prélude à l’après-midi d’un faune, de Debussy.
Ces films d’art, qu’on pourra voir gratuitement sur l’internet, seront aussi présentés lors de projections à la belle étoile au parc Georges-Filion, de même que les 10 œuvres sélectionnées pour la toute première édition du nouveau festival international compétitif de courts métrages valorisant la danse, FASS Forward, lors d’une projection au crépuscule, le 1er août.
« C’est le monde de la danse en général qui nous a inspirés à créer ce festival, indique M. Côté. On nous a demandé de nous réinventer avec le numérique. »
Ça fait un an que je regarde des films écœurants de partout, on les voit passer sur Facebook une fois, après on ne les voit plus jamais. On voulait donner une occasion aux personnes qui ont fait des films superbes de les diffuser avec cette nouvelle plateforme.
Guillaume Côté
Guillaume Côté caressait depuis longtemps le rêve d’amener des performances dansées et musicales en nature. Avec Solitudes partagées, il a réalisé une partie de ce désir, mais cette fois, le public pourra lui aussi assister à diverses performances in situ dans le cadre du volet Les sentiers de la danse, autre nouveauté qui s’ajoute à la programmation cette année, et qui se déroulera dans la forêt du parc John-H. Molson.
« Ce sera un peu à la bonne franquette, les gens vont emprunter un genre de sentier qui les mènera à trois scènes différentes, il y aura des performances et de la musique live », détaille-t-il, dont le danseur urbain Crazy Smooth, une étoile montante de la scène breakdance que M. Côté a mandaté pour organiser le FASS Dance Battle, une compétition où 16 danseurs du Québec et de l’Ontario s’affronteront au skatepark de Saint-Sauveur.
Tous ces ajouts à la programmation témoignent de la volonté du directeur artistique de braquer les projecteurs sur « toutes les sortes de danses possibles » et de faire du FASS un endroit où la danse contemporaine est à l’honneur, oui, mais aussi toute la diversité incroyable de styles qui foisonnent en ce moment.
On peut dire que c’est mission accomplie pour cette édition !
Consultez le site du festival