Chaque année, le Festival et le Village en chanson de Petite-Vallée hébergent des auteurs-compositeurs-interprètes d’ici et d’ailleurs dans le cadre de résidences artistiques. Or, pour ce 38rendez-vous chansonnier, les organisateurs se sont associés à trois diffuseurs d’autres régions du Québec pour monter autant de spectacles uniques. Une idée qui pourrait en engendrer une autre : la création d’un réseau de résidences artistiques.

Du 1er au 10 juillet, les « passeurs » Klô Pelgag, Tire le coyote et Louis-Jean Cormier seront associés à des « vagues » de cinq ou six artistes qui se succéderont sur la côte gaspésienne. Après son passage de trois jours, chaque délégation présentera un concert collectif qui a été conçu lors d’une résidence plus tôt au printemps.

« On a eu la chance d’avoir un programme avec Musicaction et trois extraordinaires partenaires », explique Alan Côté, directeur général et artistique du Village en chanson de Petite-Vallée, qui fait référence à la Place des Arts, au Grand Théâtre de Québec et au Théâtre Hector-Charland.

C’est dans cette salle moderne de L’Assomption que la meute de Louis-Jean Cormier a créé et peaufiné le spectacle La marée du loup, qui sera présenté le 10 juillet à Petite-Vallée, village de 170 habitants qui bat au rythme de la musique. La marée du grand héron et La marée du coyote y trouveront leur dénouement sur scène les 4 et 7 juillet.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Claude de Grandpré, directeur général du Théâtre Hector-Charland, et Alan Côté, directeur général et artistique du Village en chanson de Petite-Vallée

« Il y a une confrérie de diffuseurs, même si on est à 700 km de distance », note Claude de Grandpré, directeur général du Théâtre Hector-Charland, en lançant un regard complice vers Alan Côté.

Tous deux rêvent d’un réseau de résidences québécoises consacrées aux arts de la scène.

Le Québec est un peu en déficit de réciprocité avec l’international. Si on était capables de se mobiliser en réseau structuré, on pourrait accueillir des artistes étrangers qui feraient un parcours à travers nos différents lieux.

Claude de Grandpré, directeur général du Théâtre Hector-Charland

« C’est facile d’imaginer un projet en chanson, en théâtre ou en conte qui part de L’Assomption, et un autre qui part de Petite-Vallée, s’enthousiasme son collègue gaspésien. Ils pourraient se croiser sur la route, avec des escales un peu partout. Ce serait une belle façon pour les artistes internationaux de se poser, de découvrir le Québec. »

Maison Jacques-Parizeau

Lors de notre passage au Théâtre Hector-Charland, à la mi-juin, le « passeur » Louis-Jean Cormier, le metteur en scène Martin Léon, trois musiciens, trois techniciens et six auteurs-compositeurs-interprètes s’attelaient à la création d’un concert unique (voir photoreportage).

Environ la moitié d’entre eux ont inauguré, en y posant leurs valises, la maison voisine Jacques-Parizeau, résidence de création qui peut accueillir jour et nuit une douzaine d’artistes. Ce nouveau lieu de repos et de rencontres, jumelé à la disponibilité du Théâtre Hector-Charland en temps de COVID-19, faisait de L’Assomption une tanière de choix pour la meute musicale.

Hier, on était avec la gang pour écouter le hockey. Ils ont fini par sortir leurs guitares : Gab Bouchard, Matiu, Laura Niquay et Cindy Bédard. Ça permet ce genre de rencontres. Les artistes qui étaient ici cette semaine, ils ne se reverront plus jamais de la même manière.

Alan Côté, directeur général et artistique du Village en chanson de Petite-Vallée

Au fil de projets de résidence, le Village en chanson de Petite-Vallée et son festival ont été témoins d’innombrables connexions fructueuses. On pense aux Chants du voyage, en collaboration avec l’École de la chanson de Granby, ou encore aux Rencontres qui chantent, réunion de 12 auteurs-compositeurs-interprètes de la francophonie.

« En 2001, première année du Théâtre de la Vieille Forge, qui a brûlé [en 2017], on avait un projet de résidence avec Marie-Jo Thériault et le chanteur français Néry, raconte M. Côté. Il était accompagné de son musicien Bertrand Belin, qui est devenu un monstre de la chanson, et d’Olivier Daviaud, alors pianiste de Bénabar. Ils sont tous débarqués chez nous dans le temps de la chasse à l’orignal. Ça a créé des rencontres incroyables, des familles. »

Preuve que ces partages perdurent : cinq ans plus tard, la chanteuse de Shédiac allait coréaliser l’album Néry Belgistan et partager le micro avec le Parisien sur la bien titrée Destins croisés.

À quand une collaboration Laura Niquay – Gab Bouchard ? Les paris sont lancés.