Le premier week-end du FestiVoix s’est conclu dimanche. Du folk au rock en passant par le hip-hop et la chanson, le festival trifluvien a d’emblée montré ses couleurs. La programmation tout comme l’organisation ont semblé ravir plus d’un festivalier.

Après Elisapie, The Franklin Electric, Plants and Animals et Antoine Corriveau pour la journée d’inauguration, on a fait place au hip-hop samedi. Au hip-hop… et à Marie Denise Pelletier, qui faisait partie de la programmation de la journée aux côtés de Vendou, LaF, FouKi et Sarahmée. Le FestiVoix s’assure qu’il y en ait pour tous les goûts, tous les jours.

Des groupes de jeunes et de moins jeunes, des familles, des couples et des festivaliers solitaires… dans leurs espaces réservés, des zones d’écoute permettant de vivre son expérience de concert sans le souci de se retrouver dans une foule (ou de porter un masque), les gens présents ce week-end ont adopté volontiers le fonctionnement du festival.

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Des groupes de jeunes et de moins jeunes, des familles, des couples et des festivaliers solitaires dans leurs espaces réservés au FestiVoix de Trois-Rivières samedi

« Je trouve ça super. J’aime le fait d’être dans des enclos individuels – j’appelle ça des enclos ! », nous a confié Francis, 22 ans, rencontré sur le site.

C’est bien, la foule, mais là, c’est plus personnalisé.

Francis, festivalier

Pour la plupart des festivaliers rencontrés par La Presse, le grand bonheur, c’est tout simplement qu’il y ait un évènement auquel assister cette année. Chacun était bien conscient de sa chance, ce qui rendait chaque spectacle un peu plus spécial encore. « C’est chouette qu’ils aient décidé de le faire dans un si court laps de temps », a remarqué l’amie de Francis, Lisa-Marie, à ses côtés. « Plusieurs festivals ont décidé d’annuler leur édition. Dans le contexte que l’on vit, je trouve ça juste chouette que ça ait lieu. »

Le facteur Vendou

Le hip-hop a donc dominé la soirée de samedi, lancée par Vendou sur la petite scène du site, dès 17 h. La pluie annoncée ne s’est pas fait attendre. C’est ainsi devant une trentaine de ponchos et anoraks colorés que le Montréalais a présenté son rap mélodique, entouré de ses quatre musiciens.

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Le rappeur Vendou

Fidèle acolyte de FouKi sur scène (nous y reviendrons), Vendou sait comment animer une foule. Son énergie magnétique n’a permis aucun temps mort. Surtout, sa musique a su faire oublier le temps pluvieux. Vendou propose des rimes savantes et sa livraison les met joliment en valeur – les musiciens sont un atout fantastique.

On reconnaît notamment un artiste fait pour la scène lorsqu’il se présente devant une dizaine de personnes comme si elles étaient plusieurs centaines. C’est de cette façon que Vendou a abordé sa performance, lui qui, finalement, est même parvenu à chasser les nuages.

Chanson puis rap

Quelques instants plus tard, au Jardin des Ursulines, Marie Denise Pelletier a totalement fait changer l’ambiance du festival. Plus personne n’a besoin de vanter le talent de l’auteure-compositrice-interprète qui a démontré l’étendue de son registre et toute la portée de sa voix. La formule cabaret extérieur seyait parfaitement à ce spectacle intime.

Accompagnée de deux pianistes plutôt qu’un (dont l’un était aussi violoniste), l’interprète d’expérience a chanté ses classiques, généreuse et immense. Son public lui est déjà acquis, mais cela ne l’a pas empêchée de le conquérir encore plus.

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L’interprète Marie Denise Pelletier

Puis, à 20 h, retour au hip-hop sur la scène principale. Le jeune couple Thomas Carpentier et Anne-Sophie Rioux, 17 et 18 ans, ne connaissait pas vraiment LaF, qui venait d’assurer la première partie de FouKi au moment de notre rencontre. L’air ravi, il a expliqué apprécier la musique du collectif montréalais tout comme le contexte dans lequel il a pu assister à la performance. « J’aime avoir mon espace, même si c’est sûr qu’il y a plus d’ambiance quand tout le monde est collé, a affirmé Anne-Sophie. Et la musique est bonne, donc c’est toujours le fun ! »

LaF a dû gagner plusieurs nouveaux fans samedi. Les rappeurs amènent une joie de vivre contagieuse sur scène. Bien vite, les zones d’écoute se sont activées. Et lorsque ce fut le tour de FouKi, le public était bien réchauffé, prêt pour le plat principal.

FouKi, dans sa présence, ses textes, ses transitions entre les chansons, est toujours drôle et attachant. Ce n’est pas pour rien qu’il est l’un des rappeurs les plus populaires dans le mainstream. Il faut le dire, il était bien entouré : Quiet Mike aux platines derrière lui et Vendou pour lui donner la réplique durant tout le spectacle et garder l’ambiance toujours festive.

C’était une soirée hip-hop, mais c’était aussi une soirée Fourmis, ce collectif dont FouKi, LaF et Vendou font partie. Il n’a donc pas été étonnant de voir FouKi partager la scène avec ses acolytes. Jay Scott – qui est d’ailleurs à l’affiche du festival vendredi prochain – s’est lui aussi pointé pour interpréter le titre Copilote avec FouKi (capté pour être diffusé durant le spectacle télédiffusé de la fête du Canada).

Des safe spaces

Les jeunes s’en sont donné à cœur joie, faisant vibrer les plateformes de leur zone attitrée sous leurs pas de danse. À nos côtés, un garçon d’environ 10 ans n’a pas boudé son plaisir non plus, déambulant en dansant autour de ses parents pendant plus de deux heures, sans répit.

« Il y a pas mal de familles, et j’ai l’impression que, pour eux, c’est vraiment un espace accueillant. À chaque bulle sa façon d’être », a constaté Coraline Gagnon-Voyer, croisée avec ses trois amies au spectacle de LaF et FouKi. Le quatuor a lui aussi profité du concert pour danser et se défouler.

Ça nous permet de nous laisser aller, ça fait longtemps qu’on n’avait pas dansé. Je suis vraiment contente et choyée.

Annick Grégoire, festivalière

Pour leur amie Joliane Dufresne, il est aussi question de se sentir en sécurité. « J’ai des anxiétés sociales, je n’aime pas être avec le monde vraiment collé, même avant la COVID, a-t-elle confié. C’est un safe space. Tu as ta bulle, avec ton monde et ta propre vibe. Ça me rassure beaucoup d’être ici. »

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Les gens présents ce week-end ont adopté volontiers le fonctionnement du festival.

La rappeuse Sarahmée a conclu la soirée sous une pluie battante. Complètement détrempés, les festivaliers ont semblé profiter du moment encore plus. La météo fait partie des possibles aléas des festivals, et il est agréable de pouvoir le vivre de nouveau. Sarahmée a ramené sa musique ensoleillée au FestiVoix, accompagnée de ses deux superbes danseuses et de ses musiciens. Et personne ne s’est plus vraiment soucié de la pluie.

Le FestiVoix a comme caractéristique cette année de présenter une programmation locale. Sur la scène où jouait Sarahmée samedi, plusieurs artistes émergents viendront charmer le public. « Je trouve ça vraiment beau, ça donne plus de place à des artistes moins grand public. J’aimerais même que ça reste comme ça », nous disait un peu plus tôt dans la soirée Coraline Gagnon-Voyer, qui a des billets pour huit concerts.

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Luc de Larochellière, dimanche

Dimanche, les cordes de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières ont démarré la journée tout en douceur. Les Sœurs Boulay étaient en tête d’affiche de la soirée, précédées de Luc de Larochellière, des Grands Hurleurs et de James Forest, puis suivies du combo hip-hop Eman X Vlooper. Le FestiVoix se poursuit jusqu’au 4 juillet.