Marie-Josée Lord, Sarahmée, Elisapie, Blair Thompson, Funk Lion ou Bïa ont ceci en commun qu’ils ont soit été adoptés, soit ont eux-mêmes adopté des enfants. Mercredi, ils chanteront au Lion d’Or au bénéfice de l’organisme RAIS – Ressource Adoption, cofondé par Maritza Bossé-Pelchat, à qui nous avons parlé.

Chacun a son bagage, ses blessures. La chanteuse Maritza Bossé-Pelchat vivait relativement bien son adoption par une famille québécoise – elle est née en République dominicaine. Mais la naissance de sa propre fille Zoé a tout chamboulé.

« J’avais déjà renoué avec ma mère biologique depuis quelques années, mais la naissance de ma fille a fait remonter beaucoup de choses. J’ai ressenti le besoin de rencontrer des gens qui étaient dans ma situation. Ce que j’ai pu faire grâce à un organisme, le Regroupement des personnes adoptées à l’international sans frontières [RAIS] », nous a-t-elle raconté lors d’un entretien téléphonique.

De cafés en rencontres, ses échanges l’apaisent, parce que sa jeunesse à Québec, comme elle le souligne, n’a pas toujours été facile. Mais l’organisme se dissout en 2017. Convaincue du bien-fondé de la mission de cet organisme, elle décide de le reprendre en main.

J’avais une formation comme intervenante sociale, donc j’avais déjà travaillé dans des centres jeunesse ou pour Tel-jeunes. Le travail ne m’était pas complètement étranger. Je me suis dit que c’était important de poursuivre leur travail.

La chanteuse Maritza Bossé-Pelchat 

Depuis un an et demi, RAIS – Ressource Adoption offre un soutien autant aux parents adoptants qu’aux personnes adoptées. Essentiellement par l’entremise d’une ligne d’écoute, d’ateliers, de groupes de soutien et d’une aide aux retrouvailles.

« Jusqu’à présent, ce sont surtout des parents adoptants qui nous appellent, nous dit Maritza. On a répondu à une cinquantaine d’appels. Parfois, il s’agit de les rassurer simplement. Il y a des situations qui n’ont rien à voir avec le fait que leur enfant est adopté. Parfois, oui. On fait tout pour les aider. Si c’est au-dessus de nos compétences, on va les référer à des ressources spécialisées. »

Pour plus de ressources

La chanteuse Bïa, qui soutient cette cause et qui sera présente mercredi soir, s’est elle-même tournée vers un organisme d’aide, la Fédération des parents adoptants, au cours du processus d’adoption de son enfant.

« L’adoption internationale est très difficile, et le processus est extrêmement bureaucratique et déshumanisant, nous a-t-elle confié. Donc c’est sûr qu’à un moment donné, j’ai eu besoin de soutien. Je trouve que ces organismes-là, comme la Fédération, sont des espaces de parole importants. Je suis très sensible au fait que, dans le cas de Ressource Adoption, ce sont des personnes adoptées qui dirigent l’organisme. »

Les jeunes qui ont été adoptés ressentent aussi ce besoin de parler, surtout lorsqu’ils deviennent de jeunes adultes. « En particulier ceux qui habitent en région, où il y a moins de ressources, et plus d’isolement », précise Maritza Bossé-Pelchat.

Les fonds amassés grâce à ce spectacle-bénéfice serviront justement à embaucher des ressources spécialisées, comme des psychologues, qui pourront intervenir auprès de ces personnes, soit en se déplaçant en région, soit par le biais de notre webinaire.

La chanteuse Maritza Bossé-Pelchat 

Chaque artiste chantera en moyenne deux chansons, mais témoignera aussi de sa situation d’adoptant ou d’adopté. Ce sera le cas de l'animateur de la soirée Nicolas Ouellet.

Il y aura aussi des projections de vidéos avec de petits poèmes, qui feront notamment référence à l’art japonais du kintsugi.

« C’est un art qui symbolise bien le parcours des personnes adoptées, nous dit Maritza, parce qu’il s’agit de magnifier des objets brisés en les réparant ou en recollant des morceaux avec de la poussière d’or et de la colle, ce qui crée une nouvelle œuvre d’art. Je trouve que c’est une belle image de la résilience dont il faut faire preuve quand même quand on a ce genre de parcours. »

Maritza Bossé-Pelchat, qui a fait partie de la première mouture de Star Académie, n’a pas pour autant abandonné ses projets musicaux ; elle a sorti un deuxième album, l’automne dernier, avec son groupe Lisbonne Télégramme et une chanson, Para ti, hommage à sa mère biologique, Andrea Peguero, à qui, en résumé, elle donne son pardon. Elle travaille également sur un EP où elle chantera en espagnol. « C’est ma langue maternelle, finalement, donc j’ai le goût de l’apprendre. »

Spectacle-bénéfice au profit de RAIS – Ressource Adoption le mercredi 19 février, à 20 h, au Lion d’Or

Écoutez la chanson Para ti

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