Rebienvenue à la Place des Arts
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Jeudi en matinée à la Maison symphonique. Le chef Bernard Labadie est engagé dans un véritable marathon : c’est lui qui dirigera les quatre premiers concerts de la saison de l’Orchestre symphonique de Montréal. « Onze répétitions et quatre concerts en sept jours, je n’ai jamais eu à diriger autant de musiques différentes en si peu de temps », nous a-t-il confié après la répétition du concert d’ouverture de vendredi soir. « Aussi, comme l’orchestre est divisé en deux, ça demande une adaptation. Mais les musiciens sont formidables dans les deux groupes, le niveau d’écoute, l’attention et l’énergie sont extraordinaires. »
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Bernard Labadie ne s’inquiète pas de jouer devant 250 personnes au lieu de 2000. « Je sais qu’il y aura de la joie dans le cœur des gens et des musiciens », dit-il à propos de ces concerts à forte portée symbolique. Lui, en tout cas, après avoir relevé les défis que représente la distanciation sur scène – « il faut parfois reconnecter le WiFi entre les musiciens » –, ne ressent que de la jubilation. « Je me sens comme un enfant le matin du 24 décembre. Pour moi, c’est Noël cette semaine, j’attends ça depuis longtemps. »
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Marie-Nicole Lemieux sera une des solistes lors du concert d’ouverture. Pour la contralto québécoise, le masque, les mesures de distanciation, ce n’est pas un problème. « On se dit tous que finalement, c’est un mal pour un bien. On est tellement contents de faire de la musique ! Alors, pour ça, je suis bonne élève. » Par contre, une fois qu’elle montera sur scène, ce vendredi, tout l’aspect particulier des mesures sanitaires et l’étrangeté de la situation auront disparu. « C’est un concert pareil. »
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Une tout autre ambiance règne en après-midi à la Cinquième Salle, où sont présentés de nombreux spectacles du festival multidisciplinaire MUTEK depuis mardi. Les tests de son et d’éclairage vont bon train, les techniciens s’activent, il y a de l’action. « C’est un pas symbolique, cette semaine, dit la présidente-directrice générale de la PDA, Marie-Josée Desrochers. Oui, la Place des Arts vibre à nouveau au rythme des spectacles, mais dans un nouveau décor. Voir les gens revenir et fréquenter le lieu, ça nous fait vraiment plaisir et nous ressentons une certaine fébrilité de la rentrée, malgré la pandémie. »
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Le groupe Desert Mauve en test d’éclairage à la Cinquième Salle jeudi. Autre étape : pour la première fois ce vendredi, des spectacles seront présentés dans trois salles en même temps. « Nous sommes prêts ! dit Marie-Josée Desrochers. Ça fait des mois qu’on travaille sur ces mesures sanitaires, qu’on crée des corridors de sécurité pour que les publics ne se croisent pas, par exemple. » Jusqu’ici, elle remarque surtout une grande collaboration de la part du public, qui arrive plus tôt, comme il lui est demandé, et avec le couvre-visage. « On sent [que les spectateurs] sont heureux. Notre objectif est de rendre leur expérience agréable malgré toutes ces mesures. »
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Toujours jeudi après-midi, retour à la Maison symphonique, alors que Charles Richard-Hamelin répète avec l’autre moitié de l’OSM en vue de son concert de samedi. « La dernière fois que j’ai joué ici, c’était avec M. Nagano devant 2000 personnes », raconte le pianiste, dont tous les engagements sont tombés au début de la pandémie. « Je n’ai jamais arrêté aussi longtemps. » Pour se préparer pour samedi, il a dû travailler très fort. « D’habitude, on connaît nos engagements plus d’un an d’avance. Là, ça s’est décidé fin juillet, et le concerto de Beethoven que je vais jouer est nouveau à mon répertoire. »
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Charles Richard-Hamelin a donné son premier concert devant public en six mois la semaine dernière dans une église de L’Assomption. « J’avais rarement entendu un silence aussi religieux. On sent que ça manquait aux gens. » Même si la distanciation sur scène est un défi supplémentaire, il est content de revenir à la Maison symphonique. « Les gens qui seront là vont vraiment vouloir. C’est juste un peu plus compliqué, aller au concert, mais c’est très bien organisé. Ce que je trouve dommage, c’est de ne pas pouvoir aller les rencontrer à la fin. »
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Début de soirée, dans les coulisses du Théâtre Duceppe. Le comédien François-Simon Poirier se prépare à jouer le solo Toutes les choses parfaites, première pièce de la saison remaniée de la compagnie théâtrale. « Je suis privilégié de jouer cet automne, je ne pensais pas que ça arriverait », dit-il. La nouvelle jauge de cette salle pouvant accueillir 700 personnes est de 180. « J’ai joué pour la première fois [mercredi], et ç’a l’air plus plein que je pensais. Il y a une complicité avec le public, on sent que les gens sont contents, il y a une vraie présence. »
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Dans les derniers mois, la direction du théâtre a autant travaillé à remanier son programme – « On a dû tout changer en quelques semaines, alors que normalement, ça se prévoit des mois d’avance », explique la directrice générale Amélie Duceppe – qu’à mettre en place un protocole sanitaire avec la Place des Arts. « Pour que le public se sente en sécurité, mais que ce soit agréable. Si on se sent en prison, ça n’est pas le fun. Mais ça fonctionne. On tombe sur nos marques. »
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Amélie Duceppe est plus qu’heureuse du retour du public. « Ça fait du bien de retrouver une normalité. J’adore quand les lumières s’éteignent, quand la rencontre se passe entre les artistes et les spectateurs. Entendre 180 personnes qui éclatent de rire ensemble… » La vente des billets va bon train, et la directrice générale constate un « appétit réel » du public. Elle reste cependant très prudente pour la suite et observe attentivement les codes de couleur du gouvernement. « On croise les doigts pour continuer et on fera tout ce qu’il faut. Il faut être impeccable, car on n’aura pas de deuxième chance. »