Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre et de la danse à Montréal et au Québec. Premières, coups de cœur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

La Presse a vu : Halloween, PQ

Chaque année, depuis 25 ans, Linda (Sophie Dion) réunit sa famille pour l’Halloween. Vêtus de costumes de tarte aux bleuets, de geisha ou de patineuse artistique, ils discutent d’actualité, de politique et des grands bouleversements de société. Les conversations s’enflamment, les points de vue s’entrechoquent, les insultes fusent. Puis le temps passe, jusqu’aux prochaines Halloweens…

Dans cette suite d’une douzaine de tableaux imaginés par Olivier Arteau, le spectateur replonge dans les petits et grands débats qui ont animé le Québec : le référendum de 1995, la peur du bogue de l’an 2000, la légalisation du mariage gai en 2004, le printemps érable…

Les névroses du temps reprennent vie sur scène et, avec elles, les phrases toutes faites qu’on se répétait dans les chaumières. La peur du musulman, le jugement sans appel sur les étudiants en grève…

Le tableau sur les « carrés rouges » est d’ailleurs particulièrement réussi, les personnages reprenant pour leur propre compte les répliques lancées jadis par Gabriel Nadeau-Dubois, mais aussi par Stéphane Gendron, Richard Martineau ou la policière au matricule 728.

Dans ce flot ininterrompu de paroles (portées par une distribution de 11 comédiens), le tableau d’un certain Québec se dessine. Un Québec peu instruit, qui maîtrise mal sa langue, englué dans des préoccupations futiles, mais capable, par amour filial surtout, de s’ouvrir à la différence.

Le personnage de la sœur mal dégrossie, souvent dépassée par les enjeux de société (savoureuse Ariel Charest) en est l’une des incarnations les plus puissantes… Quant à Linda, elle tente bien d’élever un peu le débat, mais c’est souvent peine perdue.

Pour cette reprise au Théâtre d’Aujourd’hui, Olivier Arteau a actualisé sa pièce, présentée à l’origine en 2018 au théâtre Premier Acte, à Québec. La ligne du temps s’étend désormais jusqu’en 2020.

Malheureusement, le dramaturge n’a pas cru bon d’élaguer ce texte touffu, où l’humour cabotin domine souvent les discussions, au péril de la montée dramatique. Et pourquoi diantre avoir confié à un homme le rôle de la mère de Linda ? On se croirait par moment devant Môman, de La petite vie… Pareille caricature n’était au final qu’une distraction de plus pour nous éloigner de l’essentiel.

Bref, la tête et, surtout, le cœur des spectateurs auraient pu être plus sollicités… La finale, rare moment émouvant, prouve qu’il y avait sur scène tout le talent nécessaire pour déclencher autre chose que le rire dans la salle.

Made in Beautiful (La belle province). À la salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Jusqu’au 1er février.

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Festival : trois soirs, trois histoires

PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL DU JAMAIS LU

Le café-bar du théâtre Aux Écuries accueille le microfestival Jamais Lu hors-série.

Pendant trois soirs, le café-bar du théâtre Aux Écuries accueille un microfestival de lectures théâtrales en marge du festival du Jamais lu. Pour ce Jamais lu hors-série, les textes de Gabrielle Lessard (22 janvier), de Sarianne Cormier (23 janvier) et de Léa Sowa-Quéniart (24 janvier) seront présentés sous forme de lecture décontractée. Comme fil rouge pour lier les histoires de ces trois dramaturges : le thème de la disparition. Il sera question, selon la journée, d’une femme atteinte de cancer, d’une mère qui fuit son passé ou encore d’une inconnue retrouvée morte dans d’étranges circonstances. Pour entendre aujourd’hui celles qui seront jouées demain…

Jamais lu hors-série. Au café-bar du théâtre Aux Écuries. Les 22, 23 et 24 janvier.

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Comédie : ces chers voisins

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

La distribution des Voisins, dans sa plus récente mouture

On ne compte plus le nombre de fois que la célèbre comédie de Claude Meunier et Louis Saia a été reprise depuis sa création, il y a presque 40 ans. La plus récente mouture, mise en scène par André Robitaille, rassemble une distribution cinq étoiles composée de Guy Jodoin, Pier-Luc Funk, Marie-Chantal Perron, Catherine Brunet, Rémi-Pierre Paquin, Marilyse Bourke, Brigitte Lafleur et Jean-Michel Anctil. La pièce a été présentée à guichets fermés l’été dernier à la Maison des arts Desjardins de Drummondville ; elle s’amène au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts pour quatre représentations… et des supplémentaires sont déjà à l’horaire pour janvier 2021 ! Pour réentendre des répliques devenues cultes et rire (jaune) devant la vacuité des conversations de ces voisins qui nous ressemblent malheureusement un peu trop…

Les voisins. Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Du 23 au 25 janvier.

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Danse : rencontre des cultures

PHOTO FOURNIE PAR SINHA DANSE

La nouvelle création de Sinha Danse, D’os et d’écorce, prend l’affiche mercredi à l’Agora de la danse.

La troupe montréalaise Sinha Danse ouvre la saison à l’Agora de la danse avec la pièce D’os et d’écorce. Fondée en 1991 par Roger Sinha, la compagnie est reconnue pour sa gestuelle hybride, alliant le Bharata Natyam, danse originaire du sud de l’Inde, les arts martiaux et la danse contemporaine. Avec cette nouvelle création, le chorégraphe d’origine indienne plonge plus que jamais dans les influences cosmopolites, avec des chanteuses de gorge inuites qui prêtent leur voix à la bande sonore du spectacle, une musique originale de Katia Makdissi-Warren, compositrice canado-libanaise reconnue pour son métissage musical, le tout agrémenté sur scène des sonorités hypnotiques du didjeridoo, joué par M. Sinha lui-même. Poursuivant son travail et sa réflexion sur l’identité et la diversité, il propose une œuvre pour six danseurs et deux musiciens qui s’intéresse aux tensions et contradictions du groupe face à l’individu. Une partition chorégraphique énergique portée par le souffle, la voix et le rythme, qui se déploie dans une scénographie épurée laissant toute la place aux danseurs.

D’os et d’écorce. À l’Agora de la danse. Du 22 au 25 janvier.

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Performance : la gentillesse au front

PHOTO NIKOL MIKUS, FOURNIE PAR DANSE-CITÉ

One Kind Favor réunit sur scène le chorégraphe George Stamos, le musicien Radwan Ghazi Moumneh et la danseuse Karla Etienne.

Pour sa nouvelle création One Kind Favor, présentée par Danse-Cité et le MAI, le chorégraphe montréalais George Stamos a décidé de s’intéresser à la gentillesse, en explorant comment elle pouvait s’incarner sur scène et dans les corps. En collaboration avec la danseuse Karla Etienne et le musicien Radwan Ghazi Moumneh, il a tenté de voir comment l’idée de la gentillesse peut devenir un moteur créatif. Résultat : une performance transdisciplinaire où chaque collaborateur rencontre l’espace de l’autre, sans se travestir, s’accommoder ou se réduire.

One Kind Favor. Au MAI. Du 21 au 25 janvier.

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