« Cette pyramide est à Lune Rouge ce que le chapiteau bleu et blanc est au Cirque du Soleil », nous dit d’entrée de jeu Guy Laliberté, qui a rencontré hier les médias pour présenter un extrait de son nouveau spectacle immersif Au-delà des échos, qui sera lancé le 1er juin.

Le fondateur du Cirque du Soleil (qui a toujours une participation de 10 % dans la multinationale) a d’ailleurs planté sa pyramide de 25 mètres de hauteur à distance de vue du chapiteau du Cirque (dans le Vieux-Port de Montréal). « C’est symbolique », nous dit Guy Laliberté, qui travaille sur ce projet depuis trois ans.

« La relation est bonne, on travaille ensemble, a-t-il précisé. On discute même avec le Cirque pour qu’il nous représente dans les marchés qu’il a développés. »

PY1 est la première pyramide de Lune Rouge. Dans quatre mois, la structure sera démontée, puis réinstallée à Miami, et à New York au printemps prochain. 

Comme le chapiteau de cirque ou encore (feu) le Qube de Gregory Charles. L’objectif avoué du groupe dirigé par Stéphane Mongeau est de multiplier ces pyramides.

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Les deux sections de la pyramide sont liées par un couloir.

On parle d’un investissement de 25 millions par pyramide, et de 4 à 5 millions pour créer un spectacle multimédia (5 à 10 fois moins qu’un spectacle de cirque !).

« Quand j’ai quitté le Cirque, j’ai eu envie de créer quelque chose de nouveau, a confié Guy Laliberté. En ce moment, on entre dans une ère où la technologie est au cœur des nouveaux concepts de divertissement. Qu’on parle de réalité augmentée, d’intelligence artificielle ou du 5G, les possibilités sont infinies. »

Mélange des genres

La fresque multimédia créée par le metteur en scène Gabriel Coutu Dumont est une réflexion sur la naissance de la vie et une prise de conscience de sa fragilité. Du Big Bang à nos jours. Au-delà des échos se présente comme une fusion des arts graphiques, de la musique et de la technologie.

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La fresque multimédia Au-delà des échos, créée par le metteur en scène Gabriel Coutu Dumont, est une réflexion sur la naissance de la vie et une prise de conscience de sa fragilité.

Pensez aux créations multimédias présentées dans le dôme de la Société des arts technologiques (SAT) ou aux projections IMAX, le projet de Lune Rouge se situe dans cette zone.

On entre d’abord par une petite pyramide qui sert d’antichambre, puis on emprunte un couloir qui nous mène vers la grande pyramide. Des images animées (parfois abstraites, parfois réalistes) sont projetées sur les quatre murs (transformés en écrans 4K), la musique s’installe, avec des basses qui font vibrer le quadrilatère dans lequel les spectateurs déambulent.

Des extraits sonores du beatnik Alan Watts, qui a beaucoup réfléchi à la place de l’être humain dans l’univers, sont également diffusés.

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Au-delà des échos se présente comme une fusion des arts graphiques, de la musique et de la technologie.

Le spectacle de 60 minutes sera présenté cinq fois par jour, six jours par semaine. L’équipe de création menée par Jean Guibert a également prévu sept soirées thématiques dansées animées par des DJ de Montréal (les soirées PY1). Guy Laliberté animera lui-même quelques-unes de ces soirées qui auront lieu les vendredis et samedis soirs.

Lune Rouge, projet pour lequel Guy Laliberté s’est entouré d’une jeune équipe de créateurs, vise clairement un jeune public.

« On assiste à l’émergence d’une nouvelle culture des milléniaux face à la musique et la technologie. Notre objectif est de les connecter entre eux », affirme Guy Laliberté.

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Le spectacle de 60 minutes sera présenté cinq fois par jour, six jours par semaine.

« La technologie va être la même pour tous les créateurs, mais chacun d’entre eux pourra créer virtuellement ce qu’il veut. Le défi de création est sur le contenu, croit Guy Laliberté. L’espace se transforme aussi en salle de spectacle. Le jour, on aimerait accueillir des groupes de méditation immersive. »

Guy Laliberté, qui parle de cette pyramide comme de son nouveau « carré de sable », dit avoir « un bon feeling » sur l’avenir de ce concept de divertissement basé sur les technologies lancé à Montréal, qui demeure selon lui « le meilleur laboratoire de création au monde ».

Un de ses nombreux défis est de créer de l’émotion. « C’est sûr que c’est un défi, reconnaît-il, mais ça fait partie de notre mission. J’aimerais qu’on soit un peu les gardiens des expériences collectives et humaines dans des environnements technologiques. On ne veut pas que les gens s’isolent, on veut au contraire utiliser la technologie pour les réunir. »

« On a hâte de voir comment ça va être reçu, poursuit Guy Laliberté, qui ne cache pas son enthousiasme pour cette nouvelle aventure qu’il entame à l’aube de ses 60 ans. En tout cas, ce genre de pyramide n’existe nulle part ailleurs dans le monde. On va peaufiner ce spectacle jusqu’à l’automne et puis on va partir à la conquête de la planète, encore une fois ! »