En tournée depuis 15 ans, Slava's Snowshow retourne à Montréal. Entretien avec son impresario, le Montréalais Gwenael Allan, sur l'oeuvre tragicomique du plus célèbre clown de Russie.

«Slava, c'est un peu le contraire du Cirque du Soleil. Les moyens de son spectacle restent modestes, un peu par nécessité. Il l'a créé en 1993, à l'époque où la diète des Russes se limitait encore aux patates», explique Gwenael Allan, imprésario de Slava Polunin et ancien directeur marketing du Cirque du Soleil dans les années 80.

L'oeuvre de Slava a beaucoup voyagé depuis. Sa tournée n'a jamais cessé. Plus de 5000 représentations ont été données dans une quarantaine de pays, dont quelques-unes à Montréal en 1999 et en 2002.

«C'est le plus important succès hors Broadway. Slava est l'artiste russe le plus célébré à l'international», assure le Montréalais. Différentes versions du spectacle roulent aujourd'hui en même temps. Celle qui s'arrêtera au Théâtre Maisonneuve met en vedette le Torontois Derek Scott dans le rôle de Slava.

L'art du clown jaune relève plus du théâtre que du cirque. Plus du mime que du gag. Plus de la poésie que de la farce. «Dans une succession de tableaux en apparence décousus, Slava et ses clowns verts évoquent des choses simples que nous expérimentons tous. Des archétypes, en fait, comme l'amour, la douleur et la mort», poursuit Gwenael Allan.

Le meilleur exemple : la tempête à laquelle le spectacle doit son nom. La neige commence à souffler. Pas d'explications. Pas d'effets spéciaux trop éblouissants. Seulement la force du vent et des milliers de bouts de papier pour la symboliser, et évoquer l'impression d'être dépassé et même enseveli par une force plus grande que soi.

«Mais on en ressort allègre, le coeur léger, assure Gwenael Allan. À la fin, les gens ne veulent pas quitter la salle. Ils se sentent unis ensemble par quelque chose de plus grand. Et ils finissent aussi par lier tous ces tableaux qui semblaient décousus.»

Slava's Snowshow s'adresse «à l'enfant en soi», prétend l'imprésario. Mais pas forcément aux enfants. «Au contraire, je le déconseille aux moins de 8 ans. Il exige de la concentration.»

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Slava's Snowshow, au Théâtre Maisonneuve de la PdA jusqu'au 20 juillet.