Habitué de se produire devant des milliers de personnes dans de grands amphithéâtres accompagné de son groupe Pearl Jam, Eddie Vedder a cette fois simplement apporté avec lui un arsenal de guitares sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Le chanteur a discrètement posé ses valises à Montréal, ce week-end, dans le cadre d'une tournée solo qui l'a jusqu'à présent mené dans plusieurs villes nord-américaines.

Dans un spectacle de deux heures des plus dépouillés, intimiste et d'une sobriété calculée, le chanteur, assis au milieu de la scène, a interprété plusieurs pièces tirées de la bande sonore du film Into the Wild. Il a meublé le reste du concert de samedi avec des reprises, quelques succès puisés à même le répertoire de la formation de Seattle et plusieurs raretés.

Le spectacle solo d'Eddie Vedder ne pouvait mieux porter son nom. Il était fin seul sur la scène, avec sa guitare acoustique et sa voix de baryton, devant une salle pleine et conquise d'environ 3000 personnes.

Et ce, même si la plupart des pièces interprétées, notamment celles d'Into the Wild, sont d'ordinaire accompagnées.

Bref, il ne manquait qu'un grand feu de camp.

Un chanteur prolixe

Dès son arrivée sur scène samedi, Eddie Vedder a lancé: «Nous sommes dans un palais. Un palais avec des sièges en velours, sentez-vous libre de les utiliser.» Le ton était donné.

Le rockeur a d'entrée de jeu ressuscité Walking the Cow, de Daniel Johnston, rare interprétation d'une pièce du répertoire de son groupe qui accumulait la poussière.

Vedder a ensuite donné l'excellente Trouble, de Cat Stevens, suivie d'une version acoustique de Sometimes, de l'album Vitalogy, rythmée par les battements de pieds du chanteur. Du bonbon.

Décontracté, Vedder a multiplié les interactions avec le public, racontant diverses anecdotes.

Un peu agacé par ces quelques groupies qui hurlaient «Eddiiiiiiie!» entre les chansons, il a répliqué: «Merci, je connais mon nom, maintenant.»

Après Man of the Hour, chanson thème du film Big Fish de Tim Burton, cette fois accompagnée à la mandoline, Vedder s'est attaqué à plusieurs pièces tirées de la bande sonore du film Into the Wild, réalisé par son bon ami Sean Penn.

Des chansons courtes, déballées en rafales, telles Setting Forth, Guaranteed (un moment intense mais une version trop courte) et l'énergique Far Behind.

Le ukulélé utilisé dans Rise a par ailleurs magnifiquement voyagé dans la pièce.

Entre quelques discours sur la cérémonie d'ouverture des jeux de Pékin, l'espoir incarné par Barack Obama et les habituelles flèches contre le gouvernement de son pays, Vedder a aussi enchaîné les Black Bird et You've Got to Hide Your Love Away des Beatles.

Avant que le rideau ne tombe, le public, a eu droit à une version solo du classique Porch, jouée avec fougue. Même chose pour la chanson éclair Lukin, un peu plus tard.

Vedder a démontré son savoir-faire à la guitare, tant pour les chansons plus mélodiques que pour les plus costaudes, pendant lesquelles il grattait frénétiquement les cordes.

Rappels

Au premier rappel, le chanteur est revenu aux côtés de Liam Finn, qui avait brillamment réchauffé la foule en première partie. Ils ont interprété Throw Your Arms Around Me (de Mark Seymour) mais surtout Society, jolie ballade dénonçant la surconsommation.

Vedder a également montré la puissance de sa voix dans un numéro a capella - sorte d'hybride entre Arc (Riot Act) et The Wolf (tirée d'Into the Wild) - où il s'accompagnait lui-même à l'aide d'un beatbox (boîte à rythme).

Vêtu d'un sarrau (!?), Vedder est réapparu pour le deuxième rappel, encore une fois avec Liam Finn, pour Hard Sun, pièce maîtresse d'Into the Wild.

Avec Liam Finn à la batterie, Vedder debout derrière son micro et le tout agrémenté par la voix d'Eliza-Jane Barnes (en première partie avec Finn), on a un peu regretté de ne pas avoir eu droit à plus de chansons accompagnées.

Mais rien de cela ne pouvait altérer ce spectacle mémorable, destiné aux fans enthousiasmés par la tangente folk que Vedder emprunte avec de plus en plus de conviction.

La foule a aimé, et le principal intéressé semblait heureux de s'offrir autre chose que des arénas bondés et les Evenflow, Better Man et autres.

Une transition réussie.