Il existe le théâtre d'été, avec ses personnages hétéroclites, ses situations improbables, son recours obligatoire à l'humour, sa légèreté. Parce qu'on y trouve un peu de tout cela et un peu plus, Judi Richards au septième ciel avec... Toulouse et Yvon Deschamps, présenté à Joliette jusqu'au 30 août, est en quelque sorte du spectacle d'été.

Oui, un spectacle d'été, sympathique, chaleureux, à l'image de Judi Richards. Un spectacle toutefois disparate - difficile de trouver un lien naturel entre le disco du groupe Toulouse et le monologue de son mari Yvon Deschamps - mais agréable, qui a pour seule prétention de faire sourire, chanter et même réfléchir un peu.

C'est à peu près le même spectacle que la chanteuse avait créé pour les FrancoFolies de Montréal l'an dernier, à la suite de la sortie de son album Du septième ciel, avec quelques numéros transformés ou allongés.

Au nombre des jolis moments de la soirée, on soulignera le très beau duo Au coeur du coeur entre Judi Richards et Monique Fauteux (qui l'accompagne au clavier), le pot-pourri «feu de camp» avec ses deux copines du groupe Toulouse (avec guimauves et chemises «carreautées»), l'interaction avec son Yvon Deschamps de mari (depuis près de 40 ans), la très touchante chanson Citoyen du monde interprétée par Judi tant à la voix qu'au langage signé pour les malentendants (les représentations du 1er et du 9 août seront d'ailleurs entièrement «traduites» en langage signé).

Et, moment carrément désopilant, dont on aimerait bien qu'il dure plus longtemps : le monologue d'Yvon Deschamps sur les Chinois, où le pétrole, le maquillage et le 100 mètres sont également abordés. À hurler de rire. Ça serait bien, deux monologues...

Écartelée entre les chansons engagées de la chanteuse (inconnues du public, qui plus est), les succès disco de Toulouse et l'humour baveux et cynique de Deschamps, la soirée manque hélas de fluidité. Cinq chansons du dernier album de Judi Richards coup sur coup, en ouverture de spectacle, c'est beaucoup - peut-être pourrait-on les mêler au spectacle ou en abandonner au moins une. Trois pots-pourris, c'est beaucoup et un brin frustrant.

Et puis, c'est pas mal casse-gueule, enchaîner le monologue (ultra-efficace) de Deschamps et une chanson méconnue de Judi Richards : peut-être vaudrait-il mieux faire succéder à ce texte fort de l'humoriste un ancien succès de Toulouse? Ce serait aussi sympathique si les cinq musiciens n'étaient pas dissimulés derrière leurs partitions. Et si on pouvait entendre un peu plus Monique Fauteux et sa voix si unique...

Cela étant dit, on passe une bonne soirée en compagnie de Judi et de ses comparses, en raison de la connivence véritable entre les trois ex-Toulouse et de leur énergie communicative, en raison de la grâce infinie de Judi Richards qui danse et bouge tellement bien, en raison de la présence de Deschamps dans la deuxième partie du spectacle...

Et, étrangement, en raison de l'amour flagrant du monologuiste pour sa femme, qui se lisait sur son visage pendant le numéro final de la soirée. Manifestement, Deschamps était, lui, au septième ciel en regardant sa Judi chanter si joliment et danser si extraordinairement.

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Judi Richards au septième ciel avec Toulouse et Yvon Deschamps, jusqu'au 30 août, 20 h 30, au Centre Rolland-Brunelle de Joliette. Informations : (450) 759-6202.