En venant à Montréal, le Français Édouard Baer s'est donné comme mission de monter un cabaret improbable en moins d'une semaine. Un spectacle fourre-tout avec des artistes (doués ou non) recrutés en audition et réunis au nom de la folie. C'était risqué comme opération... et ce le fut aussi de la première à la dernière minute du spectacle, présenté mardi, mercredi et hier soir à la Maison Théâtre.

Parler ici de performances inégales est superflu tellement on s'attendait à la chose. On est, en fait, d'abord venu voir Baer pour rigoler. Et ce fut effectivement très drôle, mais pas toujours pour les bonnes raisons, au fil des tours sur scène d'un magicien qui n'a pas peur de faire du mal à une colombe (Vincent C), d'une timide effeuilleuse (Mademoiselle Oui Oui encore), d'un duo capable de tout sur une planche à roulettes et un monocycle (Les Bleus de travail), d'un hypnotiseur (Jeannino), d'un Africain pas à court de maximes (Saïdou Abatcha)...

Le sympathique maître de cérémonie n'a pas peur du ridicule ni peur de se mouiller. Il assume et tire même profit des malaises dans la salle, des maladresses des gens sur scène, de l'inexpérience de certains.

On pardonne tout au charmant Otis d'Astérix et Obélix: mission Cléopâtre! D'abord parce que Baer attire naturellement la sympathie. Parce qu'il déclenche facilement les rires avec une poésie qu'on n'attend pas: «Ah! ce qu'on est beau dans le noir. Mon amour, éteint la lumière, je préfère t'imaginer!» Il sait comment venir en aide à ceux qui se ridiculisent sur scène. Et il sait surtout faire court. En 85 minutes, tout était bouclé. Dieu merci!

Car il y a finalement peu de numéros relevés dans ce cabaret bonne franquette et déjanté, au cours duquel on nous a offert le meilleur et le pire. Scéniquement parlant. Que faisait un homme exempt de charisme comme l'hypnotiseur Jeannino dans une telle aventure, autrement que pour faire rire de lui? On aimerait bien savoir combien de personnes se sont présentées aux auditions!

À vrai dire, même si l'expérience était somme toute fort agréable, on en aurait pris beaucoup plus de Baer en solo. Pour apprendre à connaître vraiment l'artiste, tant qu'à l'avoir en chair et en os devant nous. On croise les doigts pour que Juste pour rire nous l'offre en solo, l'an prochain.