Canadienne d'adoption, Silvana Kane parle fort bien les deux langues officielles en plus de sa langue maternelle, l'espagnol, qu'elle tient de ses origines péruviennes et qui est la (principale) langue d'expression de Pacifika. Enfant, elle avait appris le français lorsque ses parents avaient vécu (assez brièvement) à Ottawa et l'avaient inscrite dans une école bilingue. Sa famille était ensuite rentrée au Pérou, pour s'établir à Vancouver alors qu'elle était âgée de 14 ans. Jeune adulte, Silvana a voyagé, vécu sept ans à Toronto pour s'établir de nouveau à Vancouver.

Artiste autodidacte, visiblement artiste dans l'âme, citoyenne du monde (citizen Kane, nouveau genre!), cette femme superbe a mis à profit tous ses talents pour mener à bien les destinées de Pacifika, dont elle est la chanteuse, mélodiste, parolière et figure de proue.

 

«J'ai toujours fait de la musique. Au cours d'un séjour en Espagne, j'ai commencé à faire de l'improvisation musicale, cela m'a permis d'explorer ma musique avec des artistes intéressants», amorce-t-elle, jointe en Colombie-Britannique.

Pacifika, nous apprend Silvana, ne s'est produit qu'une fois à Montréal, soit l'an dernier à l'Espace Dell'Arte. Sur la côte Ouest, le groupe s'est rapidement taillé une solide réputation depuis sa création en 2006. On ne peut conclure à quelque génération spontanée pour autant: les origines de Pacifika remontent à l'adolescence de Silvana Kane et de son vieux pote guitariste, Adam Popowitz.

«J'avais 14 ans lorsque je suis arrivée à Vancouver. Dès l'adolescence, donc, j'ai fondé un groupe de rock alternatif avec Adam. Puis nos routes se sont séparées jusqu'en 2004, c'est-à-dire lorsque je suis revenue vivre à Vancouver. Adam et moi avons alors recommencé à travailler ensemble. À la suite d'un concert, Toby Peter, que je connais depuis l'âge de 18 ans, est venu à notre rencontre. En 2006, il revenait d'une longue tournée avec K-OS, il nous a alors offert ses services et nous l'avons immédiatement intégré dans notre formation.»

Silvana pouvait compter sur deux collègues solidement éduqués: Adam a étudié la guitare classique et Toby, la basse jazz. Ni l'un ni l'autre ne correspond aux références strictes leur éducation musicale, du moins si l'on s'en tient à la facture de cet album éponyme qui a généré d'excellentes réactions depuis sa sortie l'an dernier.

«Sans avoir fait de démarches, nous avons reçu une lettre de la Société Radio-Canada nous avisant que nous avions été choisis parmi une sélection d'artistes très intéressants. Depuis, les réseaux français et anglais de la SRC nous soutiennent. Nous sommes bénis!»

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De la belle Silvana, on tirera quelques notes sur le processus créatif de Pacifika, un groupe indie plutôt calme qui puise dans le folk, le flamenco, la chanson latino-américaine, l'électro, le rock, la pop de création, pour ne citer que les références évidentes qui ne peuvent en décrire parfaitement la facture.

«Nous ne correspondons à aucune catégorie musicale. Nous ne sommes pas latins au sens où l'entend l'industrie nord-américaine de la musique, ce qui explique la difficulté qu'ont certains promoteurs ou producteurs à nous identifier», pense Silva, qui préfère de loin expliquer le processus de création au sein de Pacifika.

«La façon dont nous travaillons est assez simple, explique la chanteuse. Nous démarrons le magnétophone, Adam commence à jouer quelque chose à la guitare, Toby a sa basse (ou encore une guitare ou encore des percussions) et je me mets à chanter. Nos influences émergent naturellement, elles sont dictées par l'atmosphère de chaque nouvelle création. Les chansons s'inscrivent progessivement dans un concept; je crois encore à l'écoute d'un album entier comme s'il s'agissait d'un livre. D'où l'espace dans cet enregistrement.»

«L'espace, insiste-t-elle, est un mot clé dans notre travail. Nous explorons de nouveaux sons dans l'espace et le temps que nécessite chaque chanson. Les références qui en émergent sont plus ou moins conscientes; vous savez, je n'ai pas la télévision chez moi, j'écoute la radio publique, mes disques proviennent surtout du label qui nous a accueillis dans son écurie (Six Degrees), je ne sors pas tous les soirs pour savoir ce qui se fait de nouveau dans le milieu musical. J'adore écouter de nouvelles choses, mais je ne veux pas en avoir trop en tête pour conserver mon authenticité.»

Ainsi va la musique du côté Pacifi... ka.

Pacifika, au Savoy du Métropolis le 19 février, 20h, dans le cadre du festival Montréal en lumière.