Rares sont les costumes qui symbolisent tout un art: le tutu, jupe mythique du ballet classique, a toujours fasciné, depuis qu'il est né sur la scène de l'Opéra de Paris il y a près de deux siècles.

Dans l'atelier de costumes pour femmes à l'Opéra de Paris,  on travaille d'arrache-pied pour préparer les tutus avant la prochaine représentation du Lac des Cygnes (16 février-19 mars), le plus emblématique des ballets classiques.

Symbole de légèreté grâce à ses volants fabriqués à partir de tulle, de mousseline ou d'organza, le tutu a été immortalisé dans les pastels de Degas, spécialiste de la peinture des ballerines du 19e siècle.

À partir du 20e siècle, il fait des incursions dans la culture populaire: Jean Paul Gaultier ou Christian Lacroix s'en emparent dans la mode, des stars le porte dans les soirées de gala, le célèbre générique de Sex and the City montre Sarah Jessica Parker en tutu blanc traverser New York, Serena Williams ose un tutu à volants noirs à l'US Open et Taylor Swift fait du «twerk» dans un tutu style Lac des cygnes dans Shake it off.

Marie Taglioni, la première ballerine superstar du 19e siècle, serait celle qui a rendu le tutu célèbre en portant une longue robe blanche et vaporeuse en 1832, sur un dessin d'Eugène Lami dans La Sylphide, ballet romantique par excellence.

L'étymologie reste obscure. Le terme pourrait dériver de «tulle» mais aussi de «panpan cucul», ancienne expression pour la fessée et utilisée comme une blague grivoise par les riches hommes abonnés à l'Opéra au 19e siècle qui abordaient les ballerines.

Autrefois recouvrant la cheville (tutu romantique), il se raccourcit d'abord en raison d'un épisode tragique: Emma Livry, ballerine française du 19e siècle, meurt après que son tutu de gaze prend feu sur scène car trop proche de la rampe à gaz.

C'est pour montrer la technique des pointes, apparues presque en même temps que le tutu, mais aussi faute de textile après les deux guerres mondiales que la légendaire jupe devient de plus en plus courte.

Le rayon du tutu doit correspondre à la longueur de bras des danseuses, afin qu'elles puissent en toucher le bord du bout des doigts.

Un art à part entière, transmis à l'Opéra de couturière en couturière et que seule une poignée d'ateliers maîtrise à travers le monde. Un travail de longue haleine aussi: un tutu sans décoration peut prendre jusqu'à trois jours.