Meg Stuart présente son solo Hunter ce soir et demain à l'Usine C. Un spectacle personnel et touchant.

Meg Stuart se souvient et on est ému. Meg Stuart chante et on rit. 

Meg Stuart danse et ce n'est plus de la danse. Elle nous emmène avec elle dans un monologue intérieur extériorisé où les bruits, la musique, les sons de toutes sortes se mêlent aux gestes, les dictent, les suivent, les subliment.

Dans ce spectacle éminemment personnel sans être autobiographique, la danseuse et chorégraphe américaine cherche et trouve constamment de nouvelles formes dans une série d'images et de clins d'oeil qui nous disent « vous m'attendez ici, mais je suis ailleurs ».

Lors de l'entrée en salle, l'artiste est déjà là, assise à une table où elle effectue un collage, reproduit sur écran, avec des éléments de vie épars : ciseaux, colle, photos, objets, vernis à ongle... 

Ce préambule annonce ce qu'elle amplifiera dans la première partie du spectacle en « recollant » avec son corps des fragments de vie, accompagnée d'une trame sonore éblouissante de Vincent Malstaf où se succèdent entrevues, musiques connues, méconnues, bruits, sons électroniques...

Les mouvements de danse et de pantomime de l'artiste s'enchaînent dans une association d'émotions. Un son du quotidien peut appeler un geste figuratif abstrait. Un pas peut inspirer une réaction sonore. Une hésitation simulée se fait au rythme de la musique.

La chorégraphie se déroule dans l'ombre d'une immense antenne. Meg Stuart reproduit d'ailleurs dans certains de ses mouvements saccadés, voire robotiques, l'image d'un capteur humain à la recherche de souvenirs. Elle est cette chasseuse d'images dont le corps décode les élans du coeur. 

C'est parfois drôle, souvent émouvant. Le spectacle renoue avec la joie simple, naïve de l'enfance. Des films d'archives nous y replonge. Elle s'amuse un moment avec un vêtement-personnage muni de plusieurs manches et porteur, entre autres choses, d'un éléphant rose

Des voix de personnages non identifiés et de l'écrivain William Burroughs se font entendre dans la deuxième partie qui tourne un peu en rond au propre et figuré.

Dans la troisième, la danseuse esquisse quelques pas, mais elle parle surtout tout en se posant des questions. Elle nous conseille de construire un mur si Donald Trump est élu!  Et elle chante du Yoko Ono avant de disparaître au bout de la route.

L'art est un cadeau, dit-elle. On la remercie de sa générosité.

» Hunter, présenté à l'Usine C vendredi soir 14 octobre et samedi 15 octobre à 20h