Depuis plus de 30 ans, Louise Lecavalier danse sur plusieurs scènes du monde entier. Comment fait-elle pour surmonter les blessures et défier l'usure du corps avec le temps? Quels sont ses secrets pour durer?

De la rigueur avant tout chose! Voilà le secret derrière les performances des bons interprètes. Plusieurs heures dans les journées de Louise Lecavalier sont consacrées à l'entraînement, dont le yoga, l'échauffement et les répétitions.

Avec son emploi du temps chargé, la danseuse et chorégraphe doit s'astreindre à une discipline de fer, afin de se préparer physiquement et psychologiquement pour la scène. «C'est un combat avec soi-même», résume l'une des meilleures ambassadrices de la danse québécoise dans le monde.

À 55 ans, le corps de Louise Lecavalier a vécu toutes sortes d'expériences qui selon elle enrichissent sa gestuelle. «L'important, c'est d'être investi totalement dans ce que tu fais, à 20 ou à 50 ans, dit-elle. Certes, avec les années, ma façon de m'entraîner a changé pour toutes sortes de raisons; parfois à cause de blessures, mais principalement parce que mes intérêts ont changé.»

«À l'adolescence, je ne considérais pas les cours que je suivais comme de l'entraînement, poursuit-elle. C'était un moyen d'apprendre à danser et de connaître les possibilités du corps. Approfondir une technique particulière restait un baromètre ou une façon de mesurer l'évolution de ma compréhension. Je pouvais me permettre de prendre un maximum de classes, parce qu'à l'époque mon horaire de répétitions était moins chargé; c'était toujours un bon défi d'essayer des cours de différents styles de danse (classique et jazz, par exemple). De plus, diversifier un peu le mode d'entraînement peut contribuer à prévenir les blessures.»

Changer de style

Dans la vingtaine et la trentaine, Louise Lecavalier se tourne vers la danse classique comme mode d'entraînement. Les défis de «cette technique la stimulaient». Et elle ne voulait pas avoir toujours «le même style» qui l'a fait connaître au public, celui de La La La Human Steps et d'Édouard Lock.

Après 40 ans, Lecavalier se tourne vers le yoga. Aujourd'hui, elle se rend à un cours de yoga chaque matin, à raison de cinq cours par semaine, en plus d'un entraînement «athlétique» une ou deux fois par semaine (elle a même fait, pendant une certaine période, de la boxe!).

Ses après-midi se passent en studio où la danseuse fait deux à trois heures de répétitions par jour, davantage si elle travaille sur une nouvelle pièce. Elle ne prend jamais de pause en studio, car elle «aime rester totalement absorbée» dans ce qu'elle fait. En fin de journée, elle se laisse du temps pour écrire et lire ses courriels, faire des réunions avec des concepteurs ou de la recherche.

«Aujourd'hui, j'ai moins envie d'aller étudier les techniques de danse des autres, dit-elle, étant plus dans la création. Alors, je choisis des manières de m'entraîner plus "neutres", me permettant cependant de maintenir endurance, force et souplesse, ce qui peut limiter les risques de blessures et me donne aussi plus de possibilités dans la création.»

Des nuits courtes

En tournée, elle ne se couche jamais avant 2 ou 3 h du matin, pour avoir le temps de décompresser après un spectacle. Elle fait ses échauffements et son yoga l'après-midi à l'hôtel. Pour garder toute son énergie pour la danse, elle évite de visiter des musées ou de magasiner en tournée.

Dort-elle? «Je suis insomniaque de nature. Par chance, je n'ai pas besoin de dormir beaucoup: cinq à six heures par nuit.»

Louise Lecavalier est aujourd'hui mère de jumelles de 13 ans. «C'est sûr qu'avoir des enfants bouleverse ton horaire. Disons que ça recadre ton entraînement et tes priorités.»

Et son alimentation? Contrairement aux sportifs, cette athlète du corps n'a jamais suivi de régime particulier ni demandé de conseils à un diététiste. Au contraire, elle dit qu'elle ne fait pas attention à ce qu'elle mange, et qu'elle aime boire du vin et fumer une cigarette après ses shows.

«Je ne suis pas une athlète, dit-elle. Je ne vise pas la perfection ou la performance à tout prix sur scène. Je n'ai pas envie que mon corps soit une machine parfaite et bien huilée. Je vais aussi exprimer la fragilité, l'imperfection, ce qui est humain en somme!»

Est-ce que la chorégraphe se prépare et s'entraîne différemment de la danseuse?

«Non. Je dois être autant en forme quand je chorégraphie que lorsque je danse. J'ai la chance de créer des spectacles assez personnels. Je m'implique physiquement en studio avec les autres danseurs quand je chorégraphie. J'ai ma méthode à moi que j'applique dans tout ce que je fais.»

________________________________________________________________________________

So Blue de Louise Lecavalier. Les 8 et 9 octobre au Théâtre du CNA à Ottawa.