Il y a les dessins grandeur nature des trois types de couples les plus connus, avec les ouvertures pour les visages: le traditionnel homme-femme, l'homme-homme et le femme-femme. Un couple ordinaire et un couple lesbien sont allés se faire photographier par le «juge» qui disait que ceux qui connaissaient d'autres combinaisons pouvaient les faire connaître. Personne n'a parlé... On peut aussi, a souligné le magistrat, se marier avec soi-même: un peu compliqué quand on veut la séparation de biens.

Puis les futurs mariés de Projet Migration se sont avancés au centre de la scène du MainLine Theater (Saint-Laurent près de Duluth) pour l'ouverture du cinquième Bouge d'ici, le premier festival de l'année à Montréal, «ville des festivals» autoproclamée. «Dance. Moves. Art.» Bouge d'ici est né de la volonté de jeunes artistes de la danse contemporaine, des diplômés de Concordia pour la plupart, de se doter d'une plate-forme pour s'exprimer et, peut-être, se faire connaître. Même en janvier à 20 sous zéro.

Nous étions 43 spectateurs, mercredi soir, quand Christine Germain et Slater Penney se sont lancés dans Projet Migration, oeuvre de «poésie physique» d'inspiration autobiographique qui entend provoquer la discussion sur les thèmes de l'amour et du mariage, de l'émigration et de la citoyenneté.

Probablement parce que l'union avait été consommée avant le mariage, la nuit de noces n'a pas donné lieu aux effervescences anticipées, le couple sagement «couché» debout en fond de scène, comme Pôpa et Môman dans La petite vie, mais les similitudes s'arrêtent là.

La réalité de la vie aux États-Unis - Californien d'origine, Slater Penney a rencontré sa dulcinée à Oakland - se traduit ici par les centaines de documents exigés par l'administration pour délivrer un permis de séjour au conjoint d'un(e) citoyen(ne) américain(e). Et voilà la scène jonchée d'extraits de naissance, de rapports médicaux et d'affidavits.

«J'aurais pu me faire parrainer par une entreprise, soupire la mariée, mais je suis chorégraphe de danse contemporaine...»

Arrive enfin le jour de l'audience à la cour administrative, mais l'affaire tourne vite au cauchemar: «Où est née votre belle-mère? Quelle est la position préférée de votre mari? Quelle couleur, sa brosse à dents?»

La pièce de danse-théâtre se termine par une série de mouvements de partner balancing assez réussis, mais, à 35 minutes à peine, il manque un petit quart d'heure pour atteindre la «masse» critique. Work in progress...

Après la troisième et dernière représentation de Projet Migration, Bouge d'ici (bougedici.com) présente dimanche sa soirée CinéDanse où des courts métrages sont présentés devant jury.

La pièce de résistance de Bouge d'ici - une troupe professionnelle avait déjà pris le nom Bouge de là - reste la soirée Espace commun/Common Space des 15, 16 et 17 janvier qui réunit 10 jeunes chorégraphes que la directrice artistique Amy Blackmure a jumelés avec autant de «mentors» pour préciser leur intention artistique et en affiner l'expression.

Le DG de Bouge d'ici, Dominic Roussel, nous disait l'autre soir que l'affluence à son festival n'avait cessé de grandir depuis cinq ans et pourrait même, cette année, dépasser les 600 spectateurs.

En cette ère de gigantisme festivalier, on se dit que c'est là la meilleure nouvelle de l'année.

À votre agenda

Danse urbaine - Restons sur la Main. Samedi, le Club Soda accueille pour la deuxième fois la compétition internationale Kiff your Style qui réunit les plus grands noms de la danse urbaine, c'est-à-dire le hip-hop, le breakdance, le popping et l'allstyle que, au siècle dernier, on appelait freestyle. L'occasion idéale de rencontrer Ryota Riceball Yamasaki et les Mecdy'Venom Symbiotic Monsters, si vous ne les connaissez pas déjà.

Funk - Question de s'enlever les derniers fils d'araignée des Fêtes, on peut dire que le funk, «ça la fait». À cette enseigne, Le Divan orange sera pas mal la place, ce soir, avec cette Funk Power Soul Night. Grosse affiche avec Martin Goyette qui laisse ici la tranquillité du blues acoustique pour plonger avec les Skinny Bones dans les rythmes plus musclés. Suivront Franco Proietti et son Morph-Tet, machine puissante qui vient de lancer son quatrième CD, le bien nommé Exclamations!, et Busty & the Bass, tenants du new-funk. On se rappellera que l'ancien donnait soif...