Ce sera soir de grande première jeudi à la salle Wilfrid Pelletier. Artiste de flamenco de renommée internationale, Maria Pagés sera de passage le temps de trois représentations d'Autorretrato, un autoportrait tout en mouvement aux côtés de sept danseurs et six musiciens, dans la pure tradition du flamenco. Une présentation de Danse, Danse.

Maria Pagés n'en doute pas une seconde: elle est née flamenca. « J'ai vu le jour à Séville! J'aurais été danseuse et chorégraphe, peu importe d'où je viens, mais le flamenco fait partie intégrante de ce que je suis. J'avais six mois et je portais déjà le costume de flamenca. Quand j'étais petite, on me disait « danse! « et spontanément, je me mettais à bouger les bras «, explique la danseuse née dans le quartier gitan de la capitale andalouse en 1963.

Au cours de sa carrière, elle enchaîne les rôles titre dans les compagnies d'Antonio Gades, de Mario Maya et de Rafael Aguilar et Maria Rosa avant de créer en 1990 la Compañía María Pagés. On la verra aussi danser dans les films de Carlos Saura et pour Riverdance, The Show en 1995.

Un cadeau de Barychnikov

En 2008, c'est à la demande de Mikhaïl Barychnikov, directeur du Centre d'Art de New York, que Maria Pagés conçoit Autorretrato, juste avant de croiser le chemin d'artistes comme Placido Domingo ou Sidi Larbi Cherkaoui.

« Mikhaïl Barychnikov m'a invité en dans son antre new-yorkais. Il m'a dit qu'il aimerait que je crée quelque chose de très personnel qui parle de moi, la chorégraphe et la danseuse. J'ai reçu ça comme un cadeau! Alors j'ai commencé à penser à un autoportrait. C'est la même démarche qu'un peintre : ils ont presque tous, à différents moments de leur vie, ressenti le besoin d'en faire un «, précise Maria Pagés.

Autoportrait

Un autoportrait sous le signe de la poésie puisque l'artiste a choisi de danser sur différents poèmes d'auteurs qui ont marqué sa vie comme le portugais José Saramago ou les espagnols Federico Garcia Lorca et Miguel Hernandez.

«Le flamenco, c'est avant tout de la poésie. Je danse de la poésie! J'ai choisi un poème de Saramago, mais il devait me le lire alors il a enregistré sa voix pour Autorretrato», explique Maria Pagés.

Une démarche qui a demandé un gros travail d'adaptation aux musiciens de la compagnie qui ont dû mettre en musique Nanas de la cebolla de Miguel Hernandez un poème proposant un récit de la maternité par un homme ou encore une oeuvre de Ben Sahl, un poète du XIIe siècle.

Perpétuelle transformation

« Le flamenco est une concentration de différentes cultures et Ben Sahl était un juif qui écrivait en arabe sur la manière de cohabiter de différentes cultures «, explique la chorégraphe. « J'ai aussi repris un poème de Garcia Lorca dans lequel il parle de Séville, de manière assez critique «, ajoute-t-elle.

Accompagnée de sept danseurs de sa compagnie et de six musiciens dont deux guitaristes, une violoncelliste, un percussionniste et deux chanteurs Maria Pagés dansera donc sa vie, chaque danseur représentant à leur manière un moment de son existence.

« Le flamenco est une danse très individuelle et j'aime l'idée que chacun ait sa personnalité. Et tous ensemble, nous formons une unité. Ce que je retiens le plus de cet exercice, c'est que nous sommes en perpétuelle transformation et que ça a quelque chose de très positif contrairement à ce que j'ai longtemps pensé dans la tradition flamenca», conclut la chorégraphe qui travaille actuellement sur une nouvelle création autour de la Femme, pour laquelle elle souhaite collaborer avec une grande dame de l'Opéra, une amie qu'elle souhaite encore garder dans l'ombre.