Avec Trois paysages, présenté ce soir à l'Agora de la danse, Karine Ledoyen poursuit son cycle de création amorcé autour de l'air que la chorégraphe de Québec fait le pari de rendre visible, sonore et tangible. Accompagné par quatre interprètes en interaction avec une étonnante machine à vent imaginée par le compositeur Patrick Saint-Denis, le spectateur chemine au coeur de trois moments de danse, trois paysages mis en scène par Alexandre Fecteau (Changing Room, La Date).

« Je me suis demandé ce que l'air représente pour moi: l'absence, le silence et les choses qui n'existent pas. C'est une oeuvre pour cinq interprètes même si je n'en ai que quatre », explique la chorégraphe.

Karine Ledoyen se lance en effet dans une entreprise risquée, choisissant parmi les spectateurs ce cinquième mystérieux élément, qui devra accepter de renoncer à quelque chose pour le bienfait de la collectivité.

« Il devra renoncer à voir le spectacle! Je vais être dans la salle et je vais parler dans ses écouteurs. Ce n'est pas du tout arrangé. Le risque est présent, mais on va pouvoir voir cette fragilité-là en direct. Pour moi, c'est là que ça devient très poétique », précise-t-elle.

L'air est aussi l'élément déclencheur dans les mouvements des quatre danseurs qui respirent ensemble le même H2O. « Je me suis plus laissé guidé par mon instinct que par mon côté cartésien », dit Karine Ledoyen.

Trois paysages est aussi un projet très technique, dans lequel un mur composé de 194 feuilles de papier reliées à de petits ventilateurs tient une place majeure.

« Le mur créé par Patrick Saint-Denis existait avant qu'on fasse la pièce. Depuis ma dernière création, il m'a montré le prototype. C'est magnifique et ça pourrait faire un show à lui tout seul. On a pensé à l'intégrer à la danse et il y a une interaction réelle avec le mur dans la pièce », précise la chorégraphe.

Malgré tous ces éléments techniques, Karine Ledoyen s'est donné comme défi de faire de Trois paysages une création très contemplative. « C'est un projet qui n'a pas de punch! N'en cherchez pas: c'est une rivière qui coule, des feuilles qui volent au vent, mais comme ce sont des humains qui font ces actions, ça se rapporte automatiquement à l'interaction humaine. »

Karine Ledoyen travaille en ce moment sur Danse de garçons, un nouveau projet dans lequel elle a fait appel non pas à des danseurs, mais à des comédiens qui désirent parler de masculinité à travers la danse. « On va présenter cette création au Carrefour international de théâtre de Québec en mai prochain », conclut-elle.

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Trois Paysages, jusqu'à vendredi à l'Agora de la danse.