Après avoir célébré l'interdépendance de l'homme et de la femme dans Grâce à Dieu ton corps, première création sans texte de Pigeons International, la compagnie adepte de la fusion danse/théâtre revient cette fois à l'exploration de la condition humaine. Dix-septième création de Paula de Vasconcelos, Humanity Project sera présentée dans le cadre de Montréal en lumière à la Cinquième Salle de la PDA à partir de mardi.

«C'est une thématique qui revient dans une forme ou une autre au fil de tous nos spectacles. C'est cet intérêt pour l'être humain et la diversité humaine qui m'anime, et le fait que malgré cette diversité, on peut se comprendre et se connaître. Je suis de ceux qui croient encore en la solidarité humaine, qu'il y a une certaine fraternité sous-jacente», explique Paula de Vasconcelos.

Sur scène, deux comédiens et quatre danseurs s'extirpent d'un groupe d'une trentaine d'individus, mettant ainsi en contraste les individus et la foule. Les six interprètes véhiculent des fragments d'histoires, des tableaux teintés de querelles, de désespoir, d'amour profond, etc. et chacune de ces histoires est réabsorbée par le flot continu, les passages, les va-et-vient de ces gens.

«C'est aussi la foule qui vient au secours, c'est le peuple engagé dans un cycle plus grand que lui. Pour certains c'est déprimant, mais pour moi, c'est apaisant: malgré la querelle, la solitude, quelque chose tourne, quelque chose de plus grand que nous qui nous inclut, nous prend par la main qu'on le veuille ou non», précise la chorégraphe de Humanity Project qui a flirté un instant avec l'idée d'inclure du texte dans cette création, mais qui a finalement choisi de ne pas le faire, tout en offrant au public des tableaux toujours très théâtraux.

Les deux comédiens interprètent en effet de jeunes amoureux: il n'a pas pu sauver de la noyade sa fiancée qu'il emmène depuis partout avec lui en la portant dans ses bras. «C'est une manière pour nous d'inclure la mort dans le spectacle. Les gens ne vont sûrement pas comprendre tout ça, mais ils vont ressentir la culpabilité, l'absolu de la mort, la querelle, l'abandon, le désespoir, la lumière et beaucoup la thématique d'être sauvé au sein de cette humanité. Ils sont physiquement portés, on pense qu'ils vont chuter, mais les gens apparaissent, les rattrapent et les portent. C'est un leitmotiv récurrent dans le spectacle», dit-elle.

Au coeur des créations de Pigeons International, le métissage des musiques est encore une fois au programme. La chorégraphe et metteure en scène offre une véritable «symphonie humaniste» comme trame sonore de sa création.

«J'ai encore une fois travaillé avec le compositeur Owen Dalton, qui a fait la musique originale de mes deux derniers spectacles. Cette fois, il a créé une ambiance sonore récurrente, sorte de fond marin en dessous de tout. J'utilise d'autres musiques d'autres compositeurs, notamment du Brésilien Amon Tobin», précise Paula de Vasconcelos.

«Je voulais prendre de la musique de partout dans le monde au début, mais ça n'a pas marché, ça faisait vraiment pizza all dressed! Alors j'ai rétréci le nombre de compositeurs», ajoute-t-elle.

Paula de Vasconcelos travaille déjà à une prochaine création à partir d'un roman français dont elle est actuellement en train de négocier les droits.

«On veut lancer un nouveau type de spectacles dans notre studio à la lumière du jour, réduits à l'essence. Cwhaque fois que je passe du studio à la scène, j'ai toujours quelques jours de mélancolie. On y verra donc un artiste de la compagnie à la fois travailler dans son élément», conclut la chorégraphe qui désire lancer cette nouvelle création au printemps.

Du 5 au 23 février à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Cinq pour cent des recettes de ce spectacle seront versés à une cause humanitaire.