Incomparable danseur de Jean-Pierre Perreault, mais également de nombreux autres chorégraphes québécois, ami, partenaire et complice des danseurs et chorégraphes de sa génération (la magic generation qui a émergé au tournant des années 80), également répétiteur et enseignant à l'Université Concordia, Ken Roy est décédé du cancer samedi dernier à l'âge de 49 ans.

Ça n'est pas sans rappeler, hélas, la fulgurance avec laquelle cette maladie avait emporté Perreault, justement...

Son intensité, sa fougue, sa générosité, son éclectisme sans limites, sa curiosité aussi, pour tous les aspects d'une création, constituaient sa signature et en avaient fait l'interprète recherché des professionnels et adoré du public, bien que lui-même se soit peu mis en avant, préférant le travail en studio, acharné, suivi, jamais auto-satisfait, aux flonflons évanescents de la célébrité et des médias. Originaire de la Nouvelle-Écosse, il avait choisi Montréal et le groupe de la Place Royale il y a plus de trente ans. Et de Montréal, comme d'une rampe de lancement, il aura rayonné, reconnu ici mais aussi au Canada, aux États-Unis et en Europe.

On se rappellera le Projet Roy en 1999 où trois grandes chorégraphes lui avaient tricoté trois solos sur mesure. Ce spectacle a été repris en 2006, comme un défi à la quarantaine installée. Il ambitionnait de réitérer prochainement ce principe avec, cette fois, quatre solos de chorégraphes masculins. Et aussi de reprendre sa place avec ses trois autres partenaires, dans la suite de Quarantaine 4 x 4 que Charmaine Leblanc présentera à l'automne 2012. La voix de Ken Roy a déjà été enregistrée et fera partie du spectacle. Mais son corps, ce corps de danseur si singulier, n'aura pas survécu à la quarantaine. Ken Roy est parti danser ailleurs.