La compagnie du chorégraphe britannique Akram Khan est de retour à Montréal, dans le cadre de la série Danse Danse, avec Vertical Road, une pièce pour huit danseurs, inspirée notamment par la vie du poète soufi Rumi.

Au coeur d'une scénographie épurée, un homme trouvera, croit-il, le chemin hors de la course effrénée de la vie pour s'élever vers les cieux.

Si on peut reprocher une chose à Vertical Road, c'est peut-être sa facture bien nette. Le chemin vers l'illumination comporte certes des moments de doute et de tentation, mais pas question ici de fange. L'appel à la spiritualité passe par un emballage léché, une trame sonore obsédante et de la danse athlétique, qui séduisent et soulèvent les ardeurs. Khan, apprécié pour ses talents de conteur, emprunte parfois des chemins un peu plus baroques (on pense notamment à sa pièce ma); mais il choisit cette fois de structurer sa fable selon une courbe dramatique simplifiée au maximum.

L'individu et le groupe

Cela dit, pas de doute, Vertical Road fait forte impression. Par les tons opalins de sa scénographie, sa distribution athlétique et cosmopolite (les danseurs sont originaires de l'Espagne, de la Grèce, de l'Égypte, de la Tunisie, de la Slovaquie et de la Corée) et ses mouvements de groupe serrés, à l'attaque d'abord incisive et pulsante, qui se collent à une trame sonore obsédante.

Certains individus tenteront de s'échapper du mouvement initial d'unisson, aux allures de phalange martiale, mais celui-ci les engloutira aussitôt. Khan décline habilement ce tiraillement entre l'individu et le groupe. Parfois, la collectivité devient une meute protectrice, parfois une personne quitte le clan pour sympathiser ou en affronter uniquement une autre; parfois, ce sont tous les membres du groupe qui, simultanément, découvrent leur unicité en un bienheureux, mais bref chaos.

L'affranchi

Peu à peu, un individu, Salah El Brogy, danseur émouvant et charnel, trouve le moyen de s'affranchir pour de bon du groupe, un pouvoir qui le mène d'abord à se mesurer à ses semblables et même à les manipuler.

Au fil du temps, il se fera messager, entraînant les autres à ralentir leur course vers l'avant et à tendre vers les hauteurs: les corps se délient, les mouvements se font plus lents et plus achevés; les bras se soulèvent; la force brute laisse place à la douceur et au toucher, lesquels passent entre autres par de tendres duos et d'inévitables tournoiements de derviches.

Extases, méditations en mouvement et communion. Reste que l'homme incarné par El Brogy découvre, non sans angoisse, que son nouveau rôle l'isole...

Vertical Road, de l'Akram Kahn Dance Company, ce soir, 20h, à la salle Maisonneuve de la Place des Arts.