L'école de danse contemporaine LADMMI fête ses 30 ans avec Cru d'automne, spectacle créé par ses enseignants, de célèbres chorégraphes, pour les étudiants de deuxième et troisième années. Jusqu'à demain, au Théâtre Rouge du magnifique Conservatoire d'art dramatique, les 16 (presque) finissants interprètent un programme triple, éclectique et inattendu, signé Lise Vachon, Sasha Ivanochko et Marc Boivin. Un excellent cru qui finit bien l'année.

Lise Vachon signe la première pièce, Elles à l'infini, placée sous le signe du 8, symbole de l'infini, autant que forme du corps féminin. Sur scène, huit danseuses évoluent à l'unisson, mues par le balancier des bras qui entraîne le corps, un corps entraînant l'autre. Exercice de cohésion difficile. Les groupes de huit danseurs sont rares justement parce qu'ils ne sont pas évidents à mouvoir. Sur une musique baroque de Rameau, les interprètes sont assez convaincantes, chacune sortant à tour de rôle de cette sorte de matriarcat pour se singulariser, avec humour et autodérision, et afficher sa sensualité.

Duet, de Sasha Ivanochko, interprète et chorégraphe fougueuse et intrépide, est bien à son image. Elle joue sur le miroir grossissant des relations humaines, le duo, cette «petite société» chère à Jean-Pierre Perreault. Cinq filles et trois gars, en des duos successifs originaux et rythmés, parfaitement exécutés, captivent. Le dernier duo en rouge, évoquant les danses nuptiales des oiseaux, est inoubliable.

Partition, la pièce de Marc Boivin, clôt cette belle soirée. Après le 8, puis le duo, c'est ici une partition pour l'ensemble des 16 futurs finissants - lesquels, d'une pièce à l'autre, auront ainsi démontré leur capacité à répondre à des propositions chorégraphiques extrêmement différentes et exigeantes.

L'atmosphère créée par Boivin est envoûtante. Soulignée par un chant du XVIe siècle de William Byrd déstructuré par Diane Labrosse, elle suggère un microcosme de pérégrins moyenâgeux en quête de quelque Graal. La chorégraphie est sophistiquée, minutieusement tissée en un ensemble qui sans cesse se défait, puis se reforme en une harmonie de groupe. C'est une pièce très difficile, mais en preux chevaliers (ce qu'évoque la scène finale), ces 16 jeunes interprètes l'exécutent avec éclat et conviction.

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Cru d'automne de LADMMI, jusqu'à dimanche, à 19h30, au Théâtre Rouge du Conservatoire d'art dramatique.