Au cours de sa carrière, un danseur assimile une centaine de chorégraphies. Son corps et sa tête en conservent quelque part la mémoire. Qu'arriverait-il si un créateur puisait dans ces archives vivantes? C'est ce que tente la chorégraphe torontoise Ame Henderson dans relay, présenté à partir de demain à l'Agora de la danse.

Pour créer relay, dont le titre signifie relayer et transmettre, Ame Henderson s'est entourée de sept interprètes chevronnés: Katie Ewald, Claudia Fancello, Tomislav Feller, Mairéad Filgate, Marie Claire Forté, Brendan Jensen et Bee Pallomina. Ils sont à Montréal, Toronto ou Amsterdam et la plupart sont en plus actifs à l'étranger.

«Nous sommes le produit de nos expériences de scène, des expériences qui ont, malgré nous, une influence sur les prochains processus de création auxquels nous participons», explique Henderson, dont le parcours est jalonné d'expériences diversifiées.

«C'est tellement intéressant de voir ce dont les interprètes se souviennent et ce qu'ils ont oublié, ajoute-t-elle. Mais je voulais aussi leur donner la chance de se servir de cette matière pour créer quelque chose de nouveau.»

De par la matière même dont relay se compose, cette pièce soulève aussi la question de la paternité des créations chorégraphiques, laquelle a surtout été attribuée au chorégraphe. «Cette réflexion est d'autant plus pertinente, ajoute Henderson, que, de nos jours, les chorégraphes demandent de plus en plus aux danseurs de générer eux-mêmes une part du matériel chorégraphique.»

Entrer dans le rang

Par ailleurs, Henderson a aussi eu envie, à travers relay, de se pencher sur la notion d'unisson: «L'unisson a un passé trouble. Il évoque le corps de ballet et les formations militaires et donc l'obligation de se conformer à un groupe, de renier son identité propre.»

Les sept danseurs de relay ont travaillé chacun de leur côté pour trouver des moyens d'accéder aux souvenirs de créations passées logés dans leur corps, puis pour les faire remonter à la surface. C'est ensuite en groupe, avec Henderson, qu'ils se sont donné des stratégies pour pouvoir partager ce matériel en unisson. Toutefois, ce qui ressort sur scène chaque soir comporte une part d'aléatoire et dépend des décisions éclairées que prend chacun des danseurs durant la pièce.

«Cela produit une sorte d'unisson chatoyant. Le public est témoin de gens qui tentent de partager quelque chose et qui tentent d'être ensemble, tout en essayant de rester fidèles à eux-mêmes», conclut Henderson.

Relay de la compagnie Public Recordings. Du 28 septembre au 1er octobre, à l'Agora de la danse. Info: 514-525-1500