Après Paris, plusieurs villes françaises, la Belgique, l'Espagne, l'Italie la semaine dernière, et avant un «probable» arrêt à New York l'an prochain, le spectacle avant-gardiste J'aimerais pouvoir rire, des soeurs Lucie et Angela Laurier, s'arrêtera à Montréal, plus précisément à l'Usine C, du 14 au 20 novembre prochains.

«Nous revenons de Rome, où le spectacle a été présenté au Parco della Musica dans le cadre d'un festival de cirque contemporain. Il a choqué les Italiens, s'amuse Lucie Laurier, jointe hier à Paris. L'atmosphère était vraiment électrisante. Je crois que les connotations religieuses ont choqué beaucoup de monde. La réaction n'est pas la même qu'en France.»

La comédienne, qui signe dans cette oeuvre sa première mise en scène, précise tout de go qu'en dépit de son inscription à ce festival, J'aimerais pouvoir rire - créé au Théâtre National de Chaillot à Paris en février 2010 - n'est pas un numéro de cirque contemporain. Il s'agit plutôt d'une oeuvre hybride, transversale, où il est question de la famille, du poids de l'héritage familial et de la souffrance. Le tout exprimé par la gestuelle dansée d'Angela Laurier, soeur aînée de Lucie.

Dans un article publié à la suite de la création de l'oeuvre l'an dernier, le collaborateur de La Presse Louis-Bernard Robitaille parlait d'un spectacle de danse-théâtre laissant le spectateur estomaqué. «Un spectacle totalement dépouillé, des formes qui se déploient dans la pénombre, des musiciens de scène invisibles (sauf à la fin) et dont la partition se limite à rythmer les scènes», écrivait-il dans un article très favorable. Plusieurs publications françaises ont été tout aussi élogieuses.

Avec cette fresque, Angela Laurier poursuit le travail amorcé avec son premier spectacle, Déversoir, présenté à Montréal en décembre 2009 et ouvre la porte à une troisième création actuellement en préparation.

«En juin, nous serons à Montpellier pour trois spectacles dans le cadre de Montpellier Danse, un très important festival dans le genre», dit Lucie Laurier.

Monsieur Papa

Mais avant cela, la comédienne fera un détour par le cinéma. Puisqu'elle tient le rôle de la femme de Vincent Perez dans Monsieur Papa, premier long métrage réalisé par le comédien Kad Mérad, qui tient également le rôle principal. Le film sort en France le 31 mai.

«C'est un film mignon où je tiens un petit rôle, quelques scènes, dit-elle. Je suis une femme bourgeoise qui s'emmerde un peu et qui est angoissée devant l'éventualité qu'elle puisse perdre son train de vie. Je suis un peu castratrice. Il semble que je suis bonne pour ces rôles», dit-elle en riant.

Petit rôle, mais grande satisfaction. «Ç'a été une expérience géniale comme premier tournage français, assure-t-elle. Kad, qui réalisait son premier film, est très proche de ses acteurs et très blagueur sur le plateau où l'ambiance était hyper détendue.»

Partie s'installer en France il y a bientôt trois ans, Lucie Laurier ne cherche pas à y faire du cinéma ou de la télévision à tout prix. Elle a appris des quelques années passées à Los Angeles, où elle n'a pas percé. «Je ne me suis pas installée en France en me disant que j'allais devenir une star.»

En fait, elle y a posé ses valises, portée par une volonté de changement et pour trouver l'inspiration nécessaire à la création d'un album de chansons qui est en préparation. «Au départ, je ne voulais faire qu'un album, mais de réaliser une première mise en scène avec le spectacle de ma soeur m'a tellement ouvert de nouveaux horizons que je songe davantage à un album inscrit dans un spectacle avec une trame narrative. Je parlerai de toutes sortes de choses qui me touchent: des femmes, de mon incapacité à aimer un homme, de mes blessures, de mes peurs de la folie (son frère Dominique, schizophrène, a inspiré J'aimerais pouvoir rire), de l'amour que j'ai pour mes parents, de mon fils...»

En parallèle, elle écrit aussi pour le théâtre et rêve tout haut (elle l'a écrit sur sa page Facebook) de tourner de nouveau au Québec où, regrette-t-elle, on ne lui offre pas de rôles. «Avec ma famille, l'art constitue ma vie à part entière. Je veux en explorer toutes les facettes.»