Deux ans après les compressions fédérales, les compagnies de danse montréalaises cherchent toujours à reprendre leur souffle. Entre le soutien du gouvernement du Québec, les campagnes de financement et les effets de la crise économique, l'avenir de la danse montréalaise, ici comme à l'étranger, reste à inventer.

«Il est clair que l'on ne peut pas continuer comme ça», estime Alain Dancyger, le directeur général des Grands Ballets canadiens (GBC). La compagnie montréalaise, qui a beaucoup joué la carte internationale, subit cette année un manque à gagner de 250 000 $ - la somme versée aux GBC par le défunt programme Prom'Art, selon M. Dancyger.

Depuis la suppression de deux programmes de soutien à l'exportation des arts de la scène canadienne en 2008, les GBC essaient tant bien que mal de conjuguer restrictions et international. «On réduit les jours de tournée, on trouve des excuses pour ne pas répondre à une demande. Mais ça fait mal au coeur de dire non quand on travaille dur pour bâtir la réputation internationale d'une compagnie», considère M. Dancyger.

Les GBC ont ainsi repoussé d'une année une invitation de la Chine: la tournée se fera finalement à la fin de la saison 2010-2011, mais il manque toujours 350 000 $ pour boucler le budget. La présence des GBC à la Biennale de Venise, en mai prochain, fait encore l'objet d'une campagne de financement. Les campagnes de financement apparaissent comme des planches de salut pour les compagnies.

«Les compagnies qui faisaient des collectes de fonds sont maintenant plus agressives: il y a eu, aussi, beaucoup d'appels au mécénat», constate Lorraine Hébert du Regroupement québécois de la Danse.

Le diffuseur Danse Danse lance aujourd'hui sa première campagne annuelle de financement. «Danse Danse est un organisme relativement jeune, et c'est notre première campagne de financement majeure», dit Clothilde Cardinal, codirectrice artistique et générale de Danse Danse. Avec un objectif de 100 000 $, Danse Danse espère remplumer deux de ses programmes, Amenez un jeune à la danse et Carte blanche.

Toutefois, les collectes de fonds et autres campagnes de financement ne sont pas à la portée de toutes les compagnies. «Les petites et moyennes compagnies ne peuvent s'offrir des collectes de fonds car cela coûte trop cher. En plus, la danse n'est connectée à aucune industrie et a tendance à ne pas être visible pour le grand public», croit Shannon Litzenberger, porte-parole de la Coalition des arts canadiens. La crise économique ne facilite pas toujours les choses.

Parent pauvre

La danse reste encore le parent pauvre des arts de la scène et ce, en dépit des efforts consentis par le gouvernement du Québec (qui reconduit son aide de 3 millions de dollars pour les trois prochaines années) et les Conseils des arts du Québec et du Canada. «Le financement de la danse est nettement insuffisant depuis 15 ans, et bien que les 3 millions du provincial soient salvateurs, il reste que cet argent est réservé à la diffusion et non à la création. C'est notre bataille de mieux soutenir la danse, qui est en pleine effervescence à Montréal», dit Lorraine Hébert.

L'impact des compressions budgétaires de 2008 sur les compagnies de danse fera l'objet d'une étude publiée dans les prochaines semaines par la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS). CINARS avait déjà publié une étude prévisionnelle sur l'effet des compressions à la fin de l'année 2008.

Par ailleurs, le gouvernement fédéral a reconduit les 25 millions dédiés aux Prix du Canada pour les arts et la créativité dans son budget 2010-2011. On ignore encore les modalités d'attribution de ces prix qui avaient été contestés lors de leur création.