Le chorégraphe Dave St-Pierre est partout. Après Warning, son récent quatuor pour filles, et avant le dernier volet de sa trilogie dont le deuxième tome, Un peu de tendresse bordel de merde, ira au Festival d'Avignon 2009, voici Over my dead body, un autoportrait où il se met en scène sans retenue ni filet.

Dave St-Pierre ne fait rien comme tout le monde. Ainsi, quand il s'agit de son autoportrait, il le fait... à quatre, recrutant dans l'aventure ses complices de longue date, deux gars, Éric Robidoux et Alexis Lefebvre, qu'il présente comme «des fous furieux qui ont le dépassement de soi comme philosophie de vie», et une fille, Julie Perron, son alter ego féminin qui le suit depuis La pornographie des âmes. À eux quatre, dit St-Pierre, ils «vont créer un nouveau monstre scénique» à la mesure des chocs provoqués par ses pièces précédentes. Oui, mais que verra-t-on cette fois?

 

Soucieux de ne pas vendre les punchs, le chorégraphe explique ainsi sa démarche: «Over my dead body, c'est un peu comme une affirmation: oui, c'est moi, juré craché! Ça aurait aussi bien pu s'appeler Being Dave St-Pierre ou Tout sur moi. C'est une pièce sur moi, selon moi et selon mes partenaires. Qui est Dave, qu'est-ce qu'il a dans la tête? Suis-je un parfait cabotin, un fou de génie ou un ultraromantique prêt à mourir d'absolu? Tout ça à la fois? C'est hypernarcissique, mais drôle aussi. Tant qu'à le faire, il faut le faire vraiment. Et moi, je suis toujours prêt à risquer ma peau pour un spectacle.»

Dave St-Pierre aurait-il pris la grosse tête? «Pas plus que dans mes autres pièces, répond-il en souriant, car c'est toujours mon univers que je mets en scène de toute façon. C'est vrai qu'ici, mon but premier est de me faire plaisir! Mais contrairement à mes autres pièces où j'ai toujours tout fait, tout contrôlé - éclairages, son, costumes, textes, vidéo... - je délègue au maximum. Je me concentre uniquement sur la danse, car c'est la première fois que je reviens sur scène depuis trois ans.» Quand on connaît son extrême fragilité pulmonaire, on ne peut que l'admirer.

La galaxie St-Pierre

On ne peut comprendre Over my dead body hors de la trilogie intitulée Sexologie et autres utopies contemporaines, qu'il fignole depuis 2003, et dont on a déjà vu, à Montréal et un peu partout dans le monde, La pornographie des âmes et Un peu de tendresse bordel de merde. Fidèle au fait de travailler sur une longue période avec des phases de présentation au public, il a montré une esquisse du dernier volet l'automne dernier à la maison de la culture Frontenac. Over our dead body, le troisième volet, met en scène plus de... 60 personnes. Mais qui sont tous ces gens? «De parfaits inconnus! dit-il. Il y a les 20 danseurs de ma compagnie plus 40 personnes qui m'ont envoyé un courriel pour me dire qu'elles voulaient travailler avec moi. J'ai fait OK, venez-vous-en, telle date à telle heure, voilà tout! Je ne les avais jamais vues de ma vie!»

Quel lien donc, entre son autoportrait, Over my dead body, et le troisième volet de sa trilogie, Over our dead body? «L'autoportrait est comme le noyau dur de la pièce. Avant d'achever ma trilogie, j'avais besoin de rentrer en moi, de me centrer sur l'essentiel avant de retourner au gigantisme de Over our dead body.» Telle est donc la galaxie St-Pierre: le noyau central, c'est lui, entouré de sa garde rapprochée composée de Julie Perron, Alexis Lefebvre et Éric Robidoux, puis viennent les autres membres de la compagnie, et enfin les 40 électrons libres recrutés par courriel qui gravitent autour. Tout un univers!

Over my dead body, de Dave St-Pierre, ainsi que Gastro affective, de Virginie Brunelle, et Since92Till, de Christian Garmatter, du 20 au 25 janvier, à Tangente.