«D'habitude, ce sont les chorégraphes qui choisissent les danseurs et non le contraire. Nous, on a voulu pour une fois renverser les rôles.»

C'est ainsi qu'Yves St-Pierre explique la démarche qui les ont conduits, sa compagne Sonya Stefan et lui-même, a créer le spectacle Sonya&Yves. Un titre simple, mais qui a le mérite de dire exactement ce qu'il est: un spectacle fait par eux, pour eux.

 

Eux qui ont imaginé le spectacle, choisissant 11 chorégraphes auxquels ils ont demandé de leur concocter 11 chorégraphies de quelques minutes chacune. Onze chorégraphes qu'ils admirent et connaissent, ayant dansé pour certains d'entre eux: Mélanie Demers, Chantal Dauphinais, Sarah Febbraro, Mélanie Huot-Lavoie, Paul-André Fortier, Louise Lapierre (première professeur de St-Pierre), Pierre Lecours, Natalie Morin, Sylvain Poirier, Harold Rhéaume et Andrew Tay.

Eux qui ont conceptualisé le tout et ont fait la demande de subvention. Eux qui se sont entourés de collaborateurs talentueux, Sylvain Poirier conseiller artistique qui a rejoint leur collectif La Bande, Lucie Bazzo aux éclairages, Angelo Barsetti aux costumes et à la photographie. Eux qui ont assuré la direction artistique et ont uni les 11 chorégraphies autour de la notion du couple, le leur en vérité. Bref, après avoir dansé pour les plus grandes compagnies québécoises depuis près de 20 ans, ils sont cette fois pleinement maîtres d'oeuvre.

Leur dernière oeuvre? C'est ce qu'ils disent: pour leur adieu à la scène et à l'interprétation, Sonya et Yves s'offrent le plaisir de tout maîtriser de A à Z. Revanche de l'interprète, évoluant trop souvent dans l'ombre, toute sa vie artistique durant, du chorégraphe, et tributaire de lui? «Mettons que depuis le temps qu'on est dans le milieu, on sait très bien comment ça fonctionne, on connaît très bien toutes les étapes de la création d'une oeuvre et là, on a eu envie de mettre notre savoir en application.» Résultat? «On est capables! On le savait, mais là on l'a fait. C'est vraiment exaltant de le constater.»

Du coup, pourraient-ils remettre en cause leur décision de tout arrêter? La réponse d'Yves St-Pierre est pleine d'authenticité: «À l'approche de la quarantaine, nous sommes à un moment charnière et nous nous demandons vraiment comment continuer. Sonya est même en formation en cinéma à Concordia. Mais ce n'est pas la première fois.

«Depuis le temps qu'on est danseurs, on s'est déjà demandé si on pouvait arrêter de danser, faire autre chose, aller là où il y a de l'argent... et puis, on est toujours revenus à la danse. On dirait que la danse nous garde malgré nous. Mais cette fois, en prenant en charge toutes les étapes de notre spectacle Sonya&Yves, ça donne vraiment envie d'en créer d'autres, surtout avec des collaborateurs aussi talentueux.»

Et il conclut: «C'est à la fois une grande suite et un nouveau début.»

Sonya&Yves s'annonce comme une oeuvre authentique, originale et intimiste à la fois, un duo autour par et pour deux créateurs maîtrisant à la fois leur corps et la mise en scène de celui-ci.

Sonya&Yves, du 4 au 7 décembre à Tangente.



Résidences chorégraphiques

Le Goethe-Institut de Montréal offre chaque année jusqu'en 2010, en collaboration avec une compagnie canadienne, une résidence à un chorégraphe allemand pour un projet de coproduction avec un chorégraphe québécois. La pièce ainsi créée sera présentée l'année suivante au Canada.

De nombreux lieux de résidence appropriés existent aussi en Allemagne. Les pièces créées en résidence entre le Canada et l'Allemagne feront l'objet de coproductions. Trois artistes d'Allemagne pourront travailler jusqu'à trois semaines dans un studio à Montréal. Depuis 2007 de grands noms de la danse québécoise ont profité de ce programme, à découvrir au www.goethe.de/tanz-de-ca.

Pour 2009, les projets des chorégraphes québécois avec un chorégraphe allemand doivent être déposés jusqu'au 15 décembre 2008 à l'Institut Goethe de Montréal à kultur@montreal.goethe.org