C'est avec toute la simplicité qu'on lui connaît que Simon Leblanc a fait son entrée sur scène hier soir à la Cinquième Salle de la Place des Arts pour présenter Malade, son second spectacle solo, pour lequel il a déjà écoulé 100 000 billets. Contrairement à un grand nombre de ses confrères, l'humoriste de 31 ans a choisi de faire sa première médiatique sans tambour ni trompette (et surtout sans tapis rouge). Une soirée très réussie au cours de laquelle on s'est même surpris à se laisser aller à rire de bon coeur de blagues scatologiques!

Simon Leblanc n'est pas un humoriste comme les autres. L'artiste qui fait son bout de chemin depuis quelques années déjà n'a aucun mal à remplir ses salles (il affiche complet un peu partout en ce moment et a vendu plus de 100 000 billets pour son précédent spectacle, qui lui a valu en 2017 l'Olivier de l'auteur de l'année), mais n'a rien de certaines vedettes de l'humour omniprésentes dans les médias.

De nature discrète, Simon Leblanc ne laisse pourtant pas sa place une fois qu'il monte sur scène. Alors qu'il caressait depuis un bon moment l'envie de raconter ses anecdotes concernant ses problèmes de santé dans un numéro, l'humoriste a finalement choisi de leur consacrer son second spectacle solo.

Atteint de la maladie de Crohn et de spondylarthrite ankylosante, une douloureuse forme d'arthrite dégénérative des membres qui touche la colonne vertébrale et les hanches, Simon Leblanc se considère un peu comme un miraculé grâce au traitement qui l'a sauvé de la paralysie. «Le fait d'avoir été si malade et d'avoir vécu l'enfer permet de mieux profiter de la vie. Depuis, chaque jour est un vrai cadeau du ciel», nous avait-il confié en entrevue il y a quelques années déjà.

Plus vivant que jamais sur scène, l'humoriste raconte sans tabou toutes les étapes de la maladie, brossant au passage un portrait peu flatteur, mais très drôle, des cliniques privées où il dit avoir croisé un certain docteur au teint gris qui «a la tête d'un gars qui va appeler Info-Santé». 

De passage aux urgences, il ne nous épargne aucun détail de sa colonoscopie - «un vrai film de cul!», lance-t-il en ricanant.

Pour une rare fois, les blagues scatologiques sont tout à fait justifiées et fonctionnent à merveille.

Simon Leblanc emprunte quelques détours pour aborder la maladie au sens plus large et ainsi parler de handicap. Il se lance dans un numéro particulièrement drôle et cynique sur les Jeux paralympiques, puis un autre à propos d'une personne atteinte de paralysie cérébrale qui a perdu le contrôle de son fauteuil électrique. De l'humour noir de premier ordre. Simon Leblanc prouve ici qu'on peut rire de tout!

Tout aussi réussis, ses numéros sur son périple dans un vétuste petit avion pour se rendre aux Îles-de-la-Madeleine et sur la conduite automobile font mouche.

On a par contre beaucoup plus de réserves au sujet du dernier sketch de la soirée, consacré aux «défis biologiques» des femmes, où l'humoriste fait état des problèmes liés aux menstruations et à l'accouchement, des sujets sur lesquels il se montre beaucoup moins original qu'avec les autres thèmes abordés au cours de la soirée. Dommage.

Dans Malade, on retrouve un Simon Leblanc en grande forme sur scène, beaucoup moins brouillon que dans son précédent spectacle, Tout court.

Bien connu pour rire lui-même de ses propres blagues, l'humoriste a bien maîtrisé son tic et l'utilise avec parcimonie pour amplifier parfois l'effet comique de ses blagues. On a pris plaisir à retrouver cette bibitte de l'humour au style unique dont la joie de vivre et de jouer sur scène est tout simplement contagieuse.