Trois ans après Plus sexy que jamais, Philippe Laprise était de retour hier soir au Théâtre Maisonneuve pour présenter Je m'en occupe, son troisième spectacle solo. Sauvé par ses talents de conteur dans sa précédente production, l'humoriste ne s'en sort pas aussi bien cette fois-ci, nageant dans les clichés et les stéréotypes en tout genre pendant près d'une heure et demie.

Débarqué sur scène avec la belle folie qu'on lui connaît, le dansant et toujours sympathique Philippe Laprise a d'entrée de jeu choisi de saluer les spectatrices et d'installer clairement le traditionnel clivage hommes-femmes dans la salle. Une opposition qui lui servira tout au long de la soirée et qui est sans doute le talon d'Achille de ce spectacle.

Pourtant Philippe Laprise part plutôt fort. Impossible de ne pas rire en le voyant faire du «flossing» (populaire danse du jeu Fortnite) sur Échame la culpa de Luis Fonsi et Demi Levato. Son anecdote sur le vélo, «sport préféré des TDAH», et sa participation au Grand défi Pierre Lavoie est tout aussi savoureuse et on y retrouve l'humoriste en grande forme et en pleine possession de ses talents de conteur. Certes, il ne fait pas dans la dentelle sur le plan des textes, mais ça fonctionne plutôt bien. 

Passe encore son numéro sur les poils et la tondeuse pour le nez, malgré des longueurs. Là où ça dérape vraiment, c'est quand Philippe Laprise se lance dans ses observations sur les différences entre les sexes. 

Alors que dans son précédent spectacle il évitait assez bien de tomber dans les stéréotypes et les clichés sur le sujet, utilisant ses expériences avec sa blonde à bon escient, il ne parvient pas cette fois à nous embarquer dans ses récits à cause des généralités qu'il utilise.

D'un côté, on retrouve les filles hypersensibles toujours en train de boire de la camomille. De l'autre, les gars dans le sous-sol à parler mécanique. Même chose au sujet du couple. On baigne dans le lieu commun et le stéréotype. Philippe Laprise lance même à quelques reprises des blagues plutôt machos qui frisent le ridicule.

Dommage que l'humoriste se cantonne dans ce rôle. Il a assez de talent et d'aisance sur scène pour nous donner envie de le suivre dans ses délires.

Même constat quand il parle de ses enfants. Les disputes des plus jeunes, la crise d'ado de la plus vieille : n'importe quel humoriste dans la quarantaine pourrait avoir écrit ces textes. Philippe Laprise se démarque un peu plus quand il fait partager son expérience en planche à neige pour épater sa fille. Une anecdote qui se termine par un hématome fessier et une visite chez l'ostéopathe qui vire rapidement à la blague anale.

À 42 ans, Philippe Laprise a choisi d'articuler son nouveau spectacle autour de toutes les choses qu'il a décidé de prendre en main dans son existence, de ses poils de nez à l'euthanasie de son chat. On retrouve l'humoriste juste là où on l'avait laissé avec son précédent spectacle, mais il s'embourbe rapidement dans les clichés. Dommage, on aurait aimé renouer avec le conteur qui a sûrement encore beaucoup de folies à faire partager.

* * 1/2

Je m'en occupe. Philippe Laprise. Présenté hier soir au Théâtre Maisonneuve. Sera à la Salle Odyssée, à Gatineau, le 12 décembre, puis à la Salle Albert-Rousseau, à Québec, les 27, 28 et 29 décembre.