À la veille de ses 40 ans, Mélanie Ghanimé offrait hier soir au Théâtre Maisonneuve Brut[e], son premier spectacle solo. La jeune femme au franc-parler a présenté un spectacle qui aurait gagné à être plus près de ses expériences personnelles, se perdant plutôt dans des thèmes fourre-tout détachés de son vécu et manquant d'originalité.

Mélanie Ghanimé aura attendu dix ans pour enfin présenter le fruit de son labeur. En nomination deux années consécutives au gala Les Olivier pour certains de ses numéros, l'annonce de son premier spectacle solo piquait fortement notre curiosité. Elle a grossi les rangs de l'École nationale de l'humour en 2008 et a animé des mariages après avoir connu une première carrière en publicité. Frappée par le deuil de son conjoint puis celui de sa mère, la jeune femme avait un parcours des plus intéressants à partager avec son public.

Avec un titre comme Brut[e], on se serait attendu à beaucoup plus d'authenticité de la part de Mélanie Ghanimé, qui se perd dès les premières minutes de son spectacle dans ses observations sur les téléréalités. 

XOXO, OD, L'amour est dans le pré, Barmaids, Un souper presque parfait ou encore Célibataires et nus. On se demande où veut en venir l'humoriste avec ses généralités sur le vide de ces émissions.

Après quelques blagues sur les statuts Facebook insignifiants et un survol de son expérience d'animatrice de mariage (dommage, le sujet était pourtant porteur), Mélanie offre le meilleur numéro de son spectacle au sujet de ses parents. Alors qu'elle parle de son père scientifique et de sa mère voyante, l'humoriste dévoile enfin ses vraies couleurs et est plus drôle que jamais quand elle aborde avec le public sa relation avec sa mère disparue, son enfance dans une maison hantée et une anecdote où elle revient sur son kidnapping à l'âge de 5 mois à l'oratoire Saint-Joseph. 

C'est sans contredit le meilleur moment de la soirée. Mélanie Ghanimé glisse ensuite vers un discours plus féministe, une réflexion sur sa féminité et la place des femmes dans la société. 

De bons flashs ressortent de ses textes, notamment quand elle compare Mario Bros. à Lara Croft ou se demande pourquoi il n'existe pas de version masculine de Cendrillon. Son clin d'oeil au racisme et au sexisme fonctionne également très bien. L'utilisation de sa grand-mère raciste est très drôle et son anecdote de première communion fait sourire. Mais c'est quand l'humoriste aborde sa thérapie entamée à l'âge de 16 ans qu'elle nous fait peu à peu décrocher. Au lieu d'y aller avec du vécu et de la sincérité, elle se perd dans un récit sur les gaines peu flatteuses puis un très long numéro sur les poils pubiens. Le rythme du spectacle est alors complètement brisé et cette seconde partie détonne avec les numéros précédents de Mélanie Ghanimé. Ni drôle ni original, son sketch sur l'épilation tombe à plat. On n'est plus dans le franc-parler, mais dans la vulgarité. 

Le dernier tiers de Brut[e] est ainsi consacré à Tinder («Je suis tombée sur un gars qui s'appelle moi. C'est un peu ça qu'on essaye d'éviter»), des jokes de pénis et de masturbation pour arrêter de fumer.

Note sur la performance de Mélanie Ghanimé sur scène: elle mange parfois ses mots, surtout en fin de phrase. On a donc du mal à comprendre certains punchs au cours de la soirée. L'humoriste a prouvé qu'elle était capable de créer de très bons numéros, notamment quand elle parle de ses proches et de son vécu. Mais son premier spectacle souffre terriblement des blagues faciles qui semblent utilisées pour susciter des rires assurés. 

Parfois, mieux vaut se mettre en danger et prendre son temps pour tisser un lien avec son public plutôt que de vouloir susciter le rire à tout prix.

Prochain spectacle à Montréal: 15 février à la Cinquième Salle de la Place des Arts.

* * 1/2

Brut[e]. Mélanie Ghanimé.