Avant même de monter sur la scène du Théâtre St-Denis mercredi soir pour sa première montréalaise, Lise Dion avait déjà écoulé 100 000 billets de son nouveau spectacle, Chu rendue là. Sept ans après Le temps qui court, la populaire humoriste était très attendue par son public majoritairement composé de femmes de plus de 50 ans.

Si elle semble avoir ravi la majorité des spectateurs assis à nos côtés, elle n'aura pourtant pas réussi à nous convaincre avec cette production qui brosse un portait peu glorieux de la femme sexagénaire moyenne. Vulgaire et quasi grabataire, elle semble déconnectée des femmes de cette génération qui nous entoure.

C'est une Lise Dion radieuse qui a fait son entrée sur scène sur Born This Way de Lady Gaga. Assise sur le bord de la scène pour jaser avec son fidèle public, l'humoriste donne tout de suite le ton à Chu rendue là en feignant de ne plus être capable de se relever. On la retrouve alors exactement là où on l'a quittée il y a sept ans, parlant de son poids, de son âge et de sa relation avec Marcel, devenu depuis son ex.

À un détail près: Lise Dion est résolument plus vulgaire et enchaîne les blagues de pets en tout genre. Qu'ils soient sonores ou «de noune», ça ne vole pas haut et, surtout, ça s'étire longtemps!

Lise Dion semble avoir opté pour une formule «une ligne, un punch» et ne prend jamais vraiment le temps d'installer réellement un numéro. 

Pourtant, de belles occasions se présentent à elle au courant de la soirée, que ce soit en comparant les CHSLD aux prisons ou encore en abordant ce qui reste de nous après la mort. Autant de portes qui se referment aussitôt sur des blagues faciles et déjà vues.

Dans la peau de son personnage de Nancy la coiffeuse, Lise Dion y va de quelques jeux de mots peu élaborés («Mélamine Trump») et d'une blague sur Donald Trump qui «a l'air d'une orange avec du poil».

L'humoriste consacre une large partie de son spectacle à sa rupture avec Marcel et à son statut de célibataire. Là encore, on a du mal à comprendre pourquoi elle a fait le choix de la vulgarité gratuite, comme quand elle parle des calendriers de pompiers. «Pouvez-vous m'envoyer quelqu'un, car ma chatte est en feu», lance-t-elle en faisant semblant d'appeler la caserne. Bienvenue aux dames!

Lise Dion annonçait ne plus avoir de filtre à 63 ans, mais jamais on n'aurait pensé qu'elle aurait emprunté cette voie.

«Si tu ne sais pas que les "si" n'aiment pas les "raies", tu ne verras pas la mienne!», s'exclame-t-elle en relevant par exemple une faute de conjugaison dans le profil d'un homme sur un site de rencontre.

Dans la dernière ligne droite de son spectacle, elle exécute un medley de chansons qu'elle pourrait écrire pour une comédie musicale qui reviendrait sur ses 31 ans de carrière. Un moment sympathique très apprécié du public qui succède à un long numéro sur son anglais approximatif qu'elle utilise lors de ses voyages en Floride.

Certes, l'auteure de ces lignes n'est peut-être pas le public cible de Lise Dion. Mais elle est capable d'apprécier un large spectre d'humour. Comparons des pommes avec des pommes. Jean-Marc Parent nous avait ravie, l'été dernier, avec son nouveau spectacle, Utopie, dans lequel il aborde des thématiques similaires à celles qu'on retrouve dans Chu rendu là de Lise Dion, mais avec des textes beaucoup plus aboutis et drôles que ceux qui sont proposés par cette dernière.

À la différence d'une Mariana Mazza dont la vulgarité est mise au service d'un féminisme assumé, Lise Dion multiplie les blagues de pets gratuitement. L'humoriste s'adresse à sa génération, mais on a du mal à comprendre comment les sexagénaires peuvent se reconnaître dans la femme des tavernes dépeinte dans Chu rendue là.

* * 

Chu rendue là. De Lise Dion. Au Théâtre St-Denis 1 les 14 et 15 décembre.

Photo Pascal Ratthé, Archives Le Soleil

Lise Dion brosse un portait peu glorieux de la femme sexagénaire moyenne dans son nouveau spectacle, écrit notre critique.