Avec Os, la montagne blanche, la dramaturgie de Steve Gagnon est mise en valeur de belle façon dans un écrin de musique et de lumière original.

Un jeune archéologue perd sa mère et en perd pratiquement la tête. Il se rappelle les bons moments, mais surtout les enseignements de la disparue. Il lui en veut presque de l'avoir quitté, lui, le-pas-tout-à-fait-prêt à affronter la vie. 

Pour ne plus affliger sa compagne de son désespoir, il s'enfuit en Colombie. À l'aide d'une femme qui l'héberge et d'un travail de fouille qui lui fera remuer la terre et les méninges, le jeune homme retrouvera la raison.

Dans la perspective du passage à l'âge adulte, ce court récit nous parle avec justesse de filiation et de courage, de l'amour, de la mort et de l'apprentissage du vivre après la disparition d'êtres chers.

L'écriture de Steve Gagnon est belle, touchante, vraie, drôle aussi. Son récit a du rythme et fourmille d'images percutantes. Rarement creuse-t-on une relation mère-fils d'aussi belle façon.

Le metteur en scène Denis Bernard est à son meilleur quand il soutire de ses interprètes le maximum d'expression et de théâtralité dans un huis clos émotif, comme ici. Steve Gagnon est souvent renversant en fils éploré. 

La musique de Nicolas Basque et d'Adèle Trottier-Rivard - qui nous gâte aussi de sa voix enveloppante - et les éclairages d'Erwann Bernard complètent admirablement la performance. 

Malgré ses qualités et son aspect novateur, ce spectacle qui expérimente avec de nouvelles formes - dont l'absence de gradins - n'est pas parfait. Un passage du monologue portant sur la vie en banlieue nous apparaît futile et la musique de la deuxième partie, pas toujours synchrone avec le désarroi du personnage. 

Et malgré la volonté des créateurs d'en faire un spectacle «participatif», les podiums où se produit l'interprète créent un espace statique et contraignant. Ainsi, l'émotion, bien présente dans le texte et dans le jeu, n'arrive pas toujours à nous rejoindre.

* * * 1/2

Os, la montagne blanche. De et avec Steve Gagnon. Mise en scène de Denis Bernard. À La Licorne jusqu'au 1er décembre.