Elle s'est fait attendre, Madonna, en montant sur scène vers 22h15, après que le DJ parisien Martin Solveig eut fait patienter la foule en remixant des hits pop, en rappelant au micro que le «Canadien» Michel Laprise signe la mise en scène du MDNA Tour.

Puis, pow! Le son des cloches d'une église, une cérémonie, des chants religieux, des disciples en toge qui attendent leur sauveuse, des coups de tonnerre, puis les portes d'un confessionnal qui s'ouvrent avant que la Madonne fasse éclater la fenêtre d'un coup de fusil.

Quelle ouverture 3-D puissante et époustouflante signée Moment Factory! Madonna chante Girl Gone Wild en dansant sans retenue avec ses danseurs devant des fresques religieuses qui prennent feu.

Puis, la thématique visuelle et chorégraphique du fusil se poursuit avec Revolver et Gang Bang, avec une apparition de Lil Wayne qui chante à l'écran. L'atmosphère est tendue, violente, avec un coup de feu qui fait gicler un flot de sang sur les écrans géants. Puis, Madonna boit de l'alcool dans un hôtel pendant Papa Don't Preach pour ensuite chanter Hung Up et jouer les funambules alors que ses danseurs font des sauts de parkour. Trop de détails? N'en voici que quelques-uns.

La foule dansait à peine, trop impressionnée par tout l'attirail visuel et scénographique qui se déployait devant ses yeux.

Pour son MDNA World Tour, la star de la pop a sollicité les talents québécois de la boîte Moment Factory (pour le contenu visuel et multimédia de 12 des quelque 20 chansons) et du metteur en scène Michel Laprise du Cirque du Soleil. Quoi dire, sinon que bravo!

Ton joyeux

Le spectacle du MDNA Tour est divisé en quatre parties. Les thèmes sont: la transgression, la prophétie, la dualité masculine et féminine, puis la rédemption.

Dans la seconde, Madonna joue les majorettes en dansant avec une dizaine de complices. Le ton est joyeux avec un visuel pop-art. La chanteuse entrecoupe Express Yourself avec Born This Way, de Lady Gaga, pour se moquer de la ressemblance entre les deux tubes. Puis, des hommes au tambour surgissent de partout sur la scène, même des airs. La foule jubile, bouche bée, en s'amusant sur Give Me All Your Luvin'. Époustouflant, encore une fois.

Un intermède rappelle les nombreux clips et succès de Madonna avant que la star ne réapparaisse sur scène avec une guitare pour chanter solidement Turn Up The Radio.

Fort sympathique, le segment presque acoustique où Madonna «chille» avec ses danseurs, ses musiciens et son fils Rocco.

Certains passages du spectacle s'étiraient en longueur, mais Madonna était en grande forme, rappelant au public que du sang canadien-français coule dans ses veines.

Au moment de mettre sous presse, nous en étions seulement aux deux tiers du spectacle. Madonna venait de montrer le haut de son g-string. Allait suivre une finale ponctuée de plusieurs tubes de la star.

Somme toute, la musique n'était devenue qu'un des ingrédients du spectacle d'hier tellement la scénographie était puissante. C'était une soirée de théâtre musical plutôt qu'un party, ce qui aura peut-être déçu certains spectateurs.

Mais force était d'admettre qu'au-delà de ses déclarations controversées et de son dernier disque assez ordinaire, «la madame de 54 ans» sait chanter, danser, provoquer, amuser et en mettre plein la vue comme nulle autre. Sur scène, c'est encore Madonna qui a le dernier mot!

Montréal était le deuxième arrêt de la tournée américaine de l'icône pop, qui est attendue en grand sur les Plaines demain à Québec. Ce sera intéressant de voir comment un spectacle aussi technique se déploiera en plein air.