Dans un superbe décor tout en bois, Gary Kurtz apparaît pour nous dire que le vide est rempli de choses dont on n'a pas idée. Entre autres de ces ondes qui lui permettent de communiquer avec nos esprits... La table est donc mise pour que nous puissions goûter à tous les plats ésotériques concoctés par le réputé mentaliste, qui a déjà séduit un demi-million de spectateurs dans le monde. Et qui continuera sûrement à le faire avec ce deuxième spectacle, mis en scène par Alexis Martin.

Sauf quelques naïfs, personne n'est crédule dans ce genre de spectacle. Nous sommes là à nous creuser les méninges et à nous tordre le cou pour essayer de comprendre les trucs. Tout a l'air facile, et Gary Kurtz extrasensoriel, mais en fait, il n'y a rien de plus réglé au quart d'un tour qu'un spectacle de magie et d'illusions. On a beau choisir les gens au hasard dans la salle, rien, au fond, n'est vraiment laissé au hasard. En cela, Gary Kurtz excelle, car en plus, on sent bien qu'il prend des risques.

Entre autre de choisir ma mère comme cobaye.  La seule, dans toute la soirée, parmi des dizaines de cobayes, à avoir fait échouer en partie un numéro, extrêmement complexe. Trois personnes de la salle devaient écrire chacune, dans l'ordre, un numéro, un compliment, et le nom d'un proche décédé, à l'abri des regards. La personne confiant le nom de l'être disparu avait pour tâche de transmettre ces informations à trois autres personnes choisies dans la salle, sans dire un mot, par le seul «pouvoir de sa pensée». À la demande de Gary Kurtz, la foule devait hurler toutes sortes de choses pour enterrer la communication, et le cobaye réceptif devait n'entendre qu'un mot dans ce magma, avec l'aide du mentaliste qui lui mettait la main sur le front. Et ça fonctionnait. Sauf avec ma mère, qui entendait quelque chose, m'a-t-elle dit ensuite, honteuse, mais sans parvenir à comprendre précisément le mot... Transmis de façon subliminale par le micro du mentaliste? On ne sait pas. Ce qui ne règle pas en revanche comment il a fait pour deviner les trois mots secrets des cobayes sur scène.

Cela donne une très bonne idée de la complexité des numéros de Gary Kurtz, qui se surpasse pour éblouir son public. Il y a des trucs dans les trucs, comme des poupées russes, vous croyez avoir deviné la fin, mais ce n'est pas la fin. Comment fait-il pour retrouver un ballon lancé de façon aléatoire dans la salle? Comment fait-il pour dessiner le même dessin qu'une spectatrice? Deviner les peurs  profondes de volontaires qui ont écrit leurs phobies sur un bout de papier bien caché? Plus il y a de questions sans réponses, plus un spectacle comme celui de Gary Kurtz est réussi. Et c'est réussi!

Enfin, il n'y a pas de mentaliste sans charisme. Gary Kurtz, malgré son accent anglophone qui parfois nous fait mal entendre les instructions - serait-ce ce qui explique la surdité passagère de ma mère franco unilingue? - sait charmer son public. Beau, suave, en contrôle, toujours. On constate aussi  que l'homme a déjà fait de la danse, lors d'un numéro où, les yeux bandés, il papillonne gracieusement autour de spectateurs sans jamais les toucher, ni eux, ni la bougie qui pourrait le brûler. Combien d'heures de travail pour parvenir à une telle performance? On n'ose même pas y penser.

Assez loin des gros shows tape à l'oeil façon Vegas, Le monde selon Kurtz est une proposition beaucoup plus poétique - la touche d'Alexis Martin, sans doute - qui veut rejoindre les gens pas seulement par l'étonnement, mais aussi par une certaine beauté. Car, après tout, nous sommes tous à la recherche d'un peu de magie dans ce monde... et il y a des Gary Kurtz pour la créer.

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Pour connaître la tournée au Québec du Monde selon Kurtz: www.garykurtz.com