Impossible de rester insensible au magnétisme de cette spécialiste de cerceau aérien et de barres russes découverte dans la pièce Séquence 8 des 7 doigts de la main. À peine rentrée d'une tournée de trois ans, Alexandra Royer s'est jointe, l'été dernier, à la troupe de Québec Flip Fabrique pour la création de Crépuscule. Depuis, les projets se bousculent.

Alexandra Royer a été happée par le cirque à l'âge de 10 ans. Lorsqu'est venu le temps de choisir une école secondaire, l'École de cirque de Québec s'est imposée à elle comme une évidence. Son parcours à peine terminé, Alexandra Royer s'est fait offrir un rôle dans Quidam du Cirque du Soleil. Elle n'avait que 16 ans!

Mais après avoir consulté ses proches, elle a plutôt choisi de s'inscrire au cégep à Québec. Un an plus tard, incapable de conjuguer cirque et études, elle a décidé de poursuivre sa formation à Montréal. Elle qualifie les auditions de l'École nationale de cirque de «Star Académie, mais en pire». Malgré une féroce concurrence, elle a été admise en cerceau et en barres russes.

Dès la fin de sa première année, Alex Royer s'est fait remarquer par Shana Carroll, des 7 doigts de la main, qui préparait alors un spectacle dans le Vieux-Port de Montréal. À l'été 2009, la jeune femme, que l'on reconnaît immédiatement à son abondante chevelure, fera partie de la distribution de ce spectacle extérieur avec ses camarades de classe Ugo Dario, Maxim Laurin, Eric Bates, Tristan Nielsen et Camille Legris.

La création de Séquence 8

«Il y avait une telle synergie entre eux que nous avons décidé d'attendre qu'ils finissent l'École pour leur proposer de créer un spectacle, rappelle Shana Carroll. On s'est vraiment amusé ensemble. Devin Henderson et Colin Davis, qu'on a connus à San Francisco et qui étaient eux aussi à l'École, se sont plus tard joints au groupe, et c'est comme ça qu'est né notre spectacle Séquence 8 deux ans plus tard.»

À peine sortie de l'École, Alex Royer remporte la médaille d'or pour un numéro au cerceau au festival allemand Sol Y Circo et se produit pour le réputé Cirque Flic Flac.

L'artiste de cirque ne cesse alors de créer de nouvelles figures au cerceau aérien, tout en se perfectionnant comme voltigeuse aux barres russes - avec Tristan Nielsen et Eric Bates comme porteurs. À la création de Séquence 8, elle exécute un numéro époustouflant au cerceau, certainement l'un des plus originaux des dernières années. Désormais, elle ne passe plus inaperçue.

«D'un point de vue acrobatique, elle est très polyvalente, ce qui est quand même assez rare, nous dit Shana Carroll. C'est une artiste aérienne très dansante, qui est aussi capable de faire des acrobaties au sol et des numéros de voltige à haut risque. D'un point de vue artistique, elle a aussi une présence phénoménale, elle se dépasse constamment. Au-delà de ses prouesses acrobatiques, Alex est une véritable artiste.»

Un groupe bien soudé

Après la première montréalaise de Séquence 8, Alex Royer a vécu sa première tournée mondiale (environ 15 pays) avec les 7 doigts. «C'était tellement excitant, nous dit-elle. On se connaissait tous depuis l'École, donc c'était facile. Il faut dire qu'on a toujours été un groupe bien soudé. Aujourd'hui, on est encore très proche.»

Ont suivi les spectacles de Flip Fabrique à Québec et de Midnight Circus à Chicago. Le mois dernier, on l'a vu au spectacle-bénéfice de Maxime Girard. L'accident du jeune artiste de cirque il y a deux ans (qui l'a rendu tétraplégique) a bouleversé toute la communauté du cirque, dont Alex Royer, qui connaît Maxime depuis ses débuts.

«C'est sûr qu'on y pense souvent à cet accident, nous dit-elle. Ça nous a tous touchés et je crois que tous les artistes aériens ont ramené ça à eux à un moment ou un autre. On est peut-être encore plus conscients des risques que l'on prend, mais il ne faut pas trop y penser, parce que sinon on n'en ferait plus, du cirque. On carbure tous quand même à ça.»

En 2016, la jeune artiste de 25 ans participera à une nouvelle création des 7 doigts de la main, en plus de faire des spectacles d'entreprise (privés) pour le Cirque du Soleil et le Cirque Éloize. Au cerceau, bien sûr, mais aussi aux barres russes, une discipline impressionnante où elle a réussi à se distinguer.

«Plus jeune, je me définissais beaucoup à travers ces disciplines-là, mais petit à petit, j'arrive à m'en détacher. Peu importe ce que je fais ou l'appareil que j'utilise, je me considère de plus en plus comme une artiste qui veut toucher les gens et accéder à quelque chose de plus grand. Parce que des saltos, en soi, ça ne m'impressionne plus.»