Mignon. Qui aurait cru qu'un jour, on choisirait ce mot pour décrire un spectacle de Circa ? Depuis ses débuts ici en 2008, on a plutôt qualifié les créations de la troupe australienne de violentes, puissantes, tendres, drôles, audacieuses, risquées, décalées et même décadentes. Songez à Wunderkammer, SOpus et Beyond, pour ne nommer que celles-là...

En conjuguant humour et virtuosité, les danseurs-acrobates de cette troupe unique au monde nous ont montré à peu près tout ce qu'il était humainement possible de faire, avec une sensibilité déroutante ! Sans jamais masquer l'effort de l'artiste. En mêlant habilement prouesse et émotion. Dans un dénuement presque total.

Avec Le carnaval des animaux, inspiré de la suite musicale de Saint-Saëns, Circa nous prend donc un peu de court.

L'impression générale est celle d'une Ferrari que l'on conduirait en première vitesse...

D'un point de vue acrobatique, vous ne verrez malheureusement rien d'original ou d'innovant. Dramatiquement, il n'y a aucun point d'orgue, aucune tension, peu ou pas d'émotion. On passe d'un tableau à l'autre, comme on tourne les pages d'un livre. C'est gentil.

Circa, qui fait ici sa première incursion dans le monde du spectacle familial, nous offre une pièce enfantine, sage et linéaire, qui plaira sans doute aux enfants de 5 ans. Les sept interprètes de la troupe y incarnent une foule d'animaux de la jungle, de la savane ou de la ferme, mimant ici un zèbre ou une poule, là une grenouille ou un chat. C'est mignon.

Scénographie réussie

Huit enfants âgés de 7 à 11 ans accompagnent les artistes sur scène. Ils ont été recrutés ici même à Montréal, ce qui est quand même sympathique, avouons-le. On les voit essentiellement dans les premiers et les derniers tableaux de la pièce. Dans leurs petits costumes de mammifères, ils font des saltos, des roues latérales, des cabrioles et même des ponts... C'est mignon.

L'imagerie vidéo est sans conteste l'élément scénographique le plus intéressant de ce Carnaval des animaux.

Là, on peut dire que le directeur artistique de Circa (Yaron Lifschitz) a été inspiré. La conceptrice visuelle Michaela French parvient à représenter l'univers ludique commandé par la pièce de Saint-Saëns.

Lorsque les interprètes interagissent avec les éléments visuels, comme avec cette image des chrysalides, on touche, me semble-t-il, à quelque chose.

Mais l'habillage visuel, aussi intéressant soit-il, ne parvient pas seul à donner du tonus à cette pièce acrobatique, qui ne décolle jamais tout à fait.

Fait intéressant, la suite musicale de Saint-Saëns, composée pour le Carnaval de Paris en 1886, n'a pas eu de succès immédiat. Même qu'à l'époque, les critiques avaient qualifié la pièce de « puérile ». L'oeuvre a pourtant survécu à l'épreuve du temps. Peut-être sommes-nous passés à côté du génie de Circa cette fois-ci ? Ou peut-être pas.

Oui, ce Carnaval acrobatique a quelque chose de puéril, mais il est mignon. Très mignon.

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Le carnaval des animaux

Une création de Circa. Mise en scène de Yaron Lifschitz.

À la TOHU jusqu'au 3 janvier.

Photo Justin Nicholas, fournie par la TOHU

L’habillage visuel, aussi intéressant soit-il, ne parvient pas seul à donner du tonus à cette pièce acrobatique, qui ne décolle jamais tout à fait.