Saltimbanco est né dans le Vieux-Port de Montréal il y a 20 ans et c'est au Centre Bell que ce spectacle phare du Cirque du Soleil en est à ses dernières représentations. Il boucle ainsi la boucle cinq ans après avoir été le premier spectacle de chapiteau du Cirque adapté en aréna.

Mercredi soir, le charme de Saltimbanco a opéré davantage qu'en 2007 quand la comparaison avec le spectacle sous chapiteau d'origine était inévitable. Un charme bon enfant certes, qui tenait moins à l'ambitieuse thématique urbaine qu'avaient en tête ses créateurs qu'à son esthétique très colorée et au rapport qu'établissent facilement ses artistes avec les spectateurs.

Si certains numéros sont encore très impressionnants, notamment le main à main tout en force et en équilibre de Constantin Ciobotaru et Dan-Florin Tazlauanu, c'est surtout par ses qualités artistiques que Saltimbanco gagne son pari.

Le numéro de boleadoras d'Adriana Pegueroles et Luis Lopez séduit par la rythmique précise que produisent ces deux danseurs quand le poids à l'extrémité de leurs cordes touche le sol.

Celui de la trapéziste Sarah Heffner qui virevolte dans les airs sur une musique à saveur celtique est d'abord un régal pour les yeux comme l'est en ouverture cet Adagio gracieux dans lequel trois corps s'entremêlent jusqu'à composer des sculptures en chair et en os.

Enfin, le ballet aérien du bungee avec ses quatre acrobates qui se laissent tomber dans le vide, tourbillonnent et finissent par se rejoindre et se tenir la main à l'horizontale constitue sans doute la plus belle image du spectacle.



Les costumes multicolores conçus par Dominique Lemieux y sont pour beaucoup dans le charme purement esthétique de Saltimbanco. La musique rock classique-funk-jazz de René Dupéré, malgré son petit côté rétro accentué par le clin d'oeil à Eye of the Tiger pendant le numéro de balançoire russe, insuffle une énergie à l'ensemble du spectacle tout en nous rappelant que le Cirque du Soleil n'a pas toujours pataugé dans des musiques éthérées proches cousines du New Age.

Les clowns jouent bien leur rôle, surtout le mime Eddie qui, en deuxième partie du spectacle, a entraîné un spectateur très volontaire dans un numéro très drôle bien qu'un peu longuet qui se terminait par un duel au Far-West.

Saltimbanco est un spectacle familial que l'on dirait fait sur mesure pour le temps des Fêtes. Les spectateurs de tous les âges ne poussent pas toujours des «oh» et des «ah», mais leur plaisir n'en est pas moins tangible.

Des spectateurs généreux qui, en ce soir de première, ont encouragé l'acrobate catapultée de la balançoire russe qui venait de rater deux fois son atterrissage au sommet  de la pyramide humaine, puis ont applaudi chaudement sa réussite à son troisième essai.

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Saltimbanco, au Centre Bell, jusqu'au 30 décembre.