Le théâtre shakespearien s'élance dans l'arène circassienne! Dès ce soir, on pourra assister aux intrigues amoureuses du Songe d'une nuit d'été, interprété par 11 comédiens et 3 acrobates. Une pièce créée il y a deux ans à Québec qui s'arrête enfin à Montréal.

On l'attendait avec impatience, cette coproduction du Théâtre du Trident et du collectif de cirque Flip Fabrique. Le trait d'union entre ces deux univers - beaucoup plus proches qu'il n'y paraît - s'appelle Olivier Normand. L'acteur et metteur en scène de Québec a travaillé sur au moins trois créations de Flip Fabrique, dont Attrape-moi, qui a lancé la compagnie.

Quand la dramaturge Anne-Marie Olivier, directrice artistique du Trident, lui a lancé l'idée d'adapter Le songe, sans doute la plus onirique des comédies amoureuses de Shakespeare, Olivier Normand a tout de suite pensé intégrer le cirque. Et pas seulement à cause des six fées de la pièce.

«Le songe est une pièce à propos du désir et de la façon dont il nous rend fous ou aveugles.»

«Le personnage de Lysandre aime une fille une journée à s'arracher la tête, puis il reçoit un sort et le lendemain, il ne la veut plus ! Cette folie-là du désir et ce que ça nous fait physiquement, je voulais l'incarner dans les corps, avec une légèreté aérienne. Les acrobates sont donc devenus les doubles ou les extensions des personnages, l'incarnation de leurs désirs.»

Histoires d'amour

L'histoire du Songe d'une nuit d'été est centrée sur la relation d'un jeune couple, Lysandre et Hermia, qui s'aiment d'amour.

Mais comme nous sommes au théâtre, rien ne se passera comme prévu... Le père d'Hermia, Égée, a planifié son union avec un autre, le bien nommé Démétrius, lui-même convoité par une certaine Helena, follement amoureuse de lui (à son grand dam), qui lui demande d'être son épagneul... «Plus vous me maltraiterez, Démétrius, et plus je vous caresserai...», lui propose-t-elle.

Lysandre et Hermia s'enfuiront dans la forêt, suivis de Démétrius, amoureux d'Hermia, et d'Helena, amoureuse de Démétrius.

Le songe s'épaissit avec l'arrivée de ce couple fantasque qui se dispute sans arrêt : Obéron et Titania, roi et reine des fées. Obéron, jaloux des fréquentations de sa dame, ordonne à Puck (un lutin) de déposer un philtre d'amour sur ses yeux. Obéron demandera à Puck de faire pareil sur Démétrius, pour qu'il tombe amoureux d'Helena - afin de résoudre l'imbroglio que l'on connaît.

Mais Puck se mélangera avec ses philtres, de sorte que Titania tombera amoureuse d'un âne et Lysandre n'aura d'yeux que pour... Helena. Parallèlement à tout cela, une troupe de théâtre amateur réunissant des ouvriers monte une pièce pour le duc d'Athènes, Thésée, et sa fiancée Hippolyte (un autre couple !). Du théâtre dans le théâtre.

Le labyrinthe du désir

Pour introduire le spectateur dans cette histoire, Olivier Normand, qui interprétera le rôle de Puck en alternance avec la comédienne Marilyn Perreault, a imaginé un jeune homme (dans sa chambre) rêvant à cette histoire.

Malgré cette main tendue au cirque, le metteur en scène de Québec insiste: «C'est vraiment un spectacle de théâtre dans lequel il y a du cirque. Il n'y a pas trop d'appareils de cirque non plus ; un mât chinois, un long trampoline et des acrobaties. Je ne voulais pas qu'il y ait des bouts de cirque dans la pièce, tout est tricoté ensemble.»

Pour Olivier Normand, la forêt dans laquelle se joue Le songe d'une nuit d'été est une jolie métaphore des méandres amoureux.

«C'est un peu le labyrinthe du désir, illustre-t-il. Un lieu mystérieux, lieu du danger, où l'on peut croiser des brigands, où il fait noir, où on se perd, où on revient sur nos pas, où on entend des bruits, sans savoir ce que c'est.... Quand, à la fin, les personnages sortent de la forêt, on se demande: que leur est-il arrivé? Est-ce qu'ils sont tombés amoureux ou est-ce qu'ils ont trop bu de café?»

Josué Beaucage, qui interprète le rôle d'un amoureux «perdu dans la forêt depuis toujours», a composé la musique et chante cinq sonnets de Shakespeare (en anglais). Une trouvaille qui réjouit le metteur en scène. «Ce n'est pas parce que c'est mon show, mais la musique est vraiment incroyable, ça marche très bien, vous allez voir!»

Du 30 janvier au 10 février à la TOHU.