CRITIQUE/ Pendant que le printemps se faisait tirer l'oreille à l'extérieur, Alex Nevsky, lui, brûlait les planches de la Maison de la culture de Gatineau, vendredi soir.

D'abord, l'évidence : il a pris de l'aplomb sur scène, Alex Nevsky. Ça passe par sa façon nettement plus convaincante d'habiter l'espace et d'interagir avec le public. Ça passe tout autant par son choix de pièces, allant et venant avec bonheur entre son répertoire plus intimiste (Katherina, la toujours aussi belle J'aurai des mains) et ses pièces plus dansantes.

D'ailleurs, du moment où les premières notes de Fanny ont résonné, aux troisième quart du spectacle, les gens se sont levés pour ne plus se rasseoir, alors que le trentenaire alignait avec une redoutable efficacité Nos eldorados, l'incontournable Polaroïd et la tout aussi entraînante Les coloriés.

À le voir aussi à l'aise avec le public, nul doute que l'artiste qui a mis le feu aux poudres à la salle Odyssée, vendredi soir, n'a plus rien à voir avec l'auteur-compositeur-interprète timide, voire un brin maladroit dans ses interventions, qu'on avait pu observer à La Basoche, lors des premières prestations découlant d'Himalaya mon amour, en novembre 2013. 

C'était évidemment avant ses passages à La Voix, d'abord en tant qu'artiste invité, ensuite comme mentor de l'équipe de Marc Dupré, puis comme coach à La Voix Junior.

Si l'effet de l'émission se fait bien sûr sentir par son retour dans la région dans une salle plus grande (celle de la MCG affichait complet), il le fait également dans sa présence nettement plus affirmée sur scène. 

Il a fait chanter et danser les gens. Il les a même convaincu de se faire des câlins, à un certain moment.

Il a aussi fondu Le lit des possibles et Mieux vaut vivre pauvre dans un mash-up franchement réussi.

Il a plus tard mêlé sa voix à celle de sa claviériste et choriste Laurence Lafond-Beaulne, le temps de reprendre Jeter un sort (qu'il livre en duo avec Coeur de pirate sur son plus récent album).

Il a par la suite lui-même mitraillé avec conviction le texte de Koriass quand est venu le temps de livrer la percutante Réveille l'enfant qui dort

Si la scène était dépouillée de tout artifice, c'était pour mieux faire évoluer le chanteur et ses quatre musiciens dans des éclairages soignés, ciselés pour habiller chaque pièce comme il se doit.

Les jeux d'éclairage ont été particulièrement saisissants et poignants quand, la silhouette découpée comme une émouvante ombre chinoise, Alex Nevsky a pu Tuer le désir dans tous ses éclats. 

Ici encore, des étoiles sur fond bleuté pour faire briller un peu d'espoir sur Le monde fou des animaux.

Là, il s'est lui-même littéralement illuminé (et l'est par la suite resté) pour mieux rendre l'esprit de La bête lumineuse.

En rappel, il est revenu en clair-obscur pour faire couler ses Joies liquides, avant de s'éclater et de soulever de nouveau la foule avec On leur a fait croire servi en guise de point d'orgue. 

lumineuse Ariane Brunet

Avec sa voix chaude et flûtée, sa personnalité tout aussi lumineuse et souriante, Ariane Brunet a vite mis les spectateurs dans sa petite poche, en ouverture de soirée. 

Dès le deuxième couplet d'Aime-moi, offerte en guise d'entrée en matière, la foule l'accompagnait en tapant des mains.

Ç'a s'est terminé en choeur sur Ma version du bonheur, quelques pièces plus tard (dont Bien avec toi et Fais-moi tourner encore).

un prix... citron

Il faut dire qu'Ariane Brunet avait au préalable eu droit à une délirante présentation d'Alex Nevsky, venu réchauffer la salle à sa manière. Ce dernier s'est pointé en veste à capuchon et jeans sous les cris et les applaudissements.

« Gardez-en ! » a-t-il lancé aux gens, avant de les inviter à danser pour remporter... un citron (!) « tapoté par tout le band ». Des dizaines de personnes se sont prêtées au jeu avec enthousiasme.

Si c'est une prénommée Tammy qui est repartie avec le prix - et un câlin de l'artiste, sûrement plus convoité que ledit citron - une autre spectatrice a de son côté réussi à le convaincre de lui permettre de monter sur la scène le temps d'une courte prestation de beat box, pendant laquelle il s'est lui-même dandiné. Le ton était donné.