Eddy King a présenté hier soir son tout premier one man show au Théâtre St-Denis. Et pour ce premier rendez-vous officiel avec le public montréalais, l'humoriste était visiblement très nerveux.

Oubliant à quelques reprises son texte, il s'est tout de même bien rattrapé, livrant un texte bien ficelé, extrêmement punché, et sans aucune langue de bois. On aurait aimé qu'il soit plus à l'aise et on a indéniablement envie de revoir le spectacle, un soir «ordinaire», pour mieux en apprécier l'interprétation. Un spectacle dans lequel le niveau de langage écorchera sûrement quelques oreilles averties et dont plusieurs lignes sont destinées à un public assez jeune.

C'est la voix de la mère de l'humoriste qui s'est chargée de présenter son fils Édouard aux spectateurs. Eddy King est ensuite monté sur scène, avec pour seul décor son nom en grosses lettres derrière lui. Un one man show dans lequel il relate son parcours, des villes de Paris à Montréal en passant par le Congo, son pays d'origine.

Eddy King a d'abord parlé de la France et de sa vie dans la cité, se servant de sa famille et de son parcours pour raconter des anecdotes qui lui permettent de s'attaquer au profilage racial et de débouler des stéréotypes racistes largement répandus. Puis a suivi une seconde partie dans laquelle il parle du Congo. Il en profite pour donner un petit cours de géopolitique 101 du Congo et pour s'en prendre aux représentations des Africains de Hergé dans Tintin au Congo, se servant d'un iPud géant (version à bas prix de l'iPod), un accessoire de scène original et utilisé de manière intéressante. Il parle aussi de l'esclavage et de la colonisation, dénonçant la «carte d'évolué» donnée par les colons belges aux Noirs vivants comme des Blancs à l'époque en parlant de son grand-père.

Eddy King souligne également le problème de la reconnaissance des diplômes, blaguant sur le nombre de chauffeurs de taxi surdiplômés au Québec et se servant du parcours de sa mère, enseignante en psychologie, qui a dû être femme de ménage.

L'humoriste finit par un troisième segment consacré à son arrivée au Québec, au beau milieu du référendum de 1995. C'est sans doute la partie la plus faible du spectacle, dans laquelle il explique ses difficultés d'intégration et les stéréotypes auxquels il a fait face.

Abordant l'actualité mondiale, il en profite pour enchaîner une série de blagues sur Stephen Harper, «une version light de George W. Bush», dit-il. S'il dit avoir choisi d'arrêter la musique, parodiant les rappeurs se prenant pour des gangsters, c'est en chanson qu'il terminera son spectacle. Une finale très réussie: c'est quand il chante qu'on découvre le vrai Eddy King, qui se transforme littéralement et qui livre son texte avec aisance. L'humoriste résume efficacement son spectacle en quelques rimes bien interprétées. Une finale originale et aussi touchante, qui nous donne envie d'en voir plus.